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Un gouvernement pour le Nigeria, cinq mois après la prise de fonction de Buhari


Muhammadu Buhari le 28 mars 2015, jour de l'élection présidentielle au Nigeria. (AP Photo/Ben Curtis)
Muhammadu Buhari le 28 mars 2015, jour de l'élection présidentielle au Nigeria. (AP Photo/Ben Curtis)

Comme prévu, le président Buhari s'est arrogé le ministère du pétrole. Il a promis mercredi un "nouveau départ" avec cette nouvelle équipe qu'il a pris son temps à constituer.

Le Nigeria s'est officiellement doté mercredi 11 novembre d'un gouvernement, plus de cinq mois après la prise de fonction du président Muhammadu Buhari, qui s'est comme prévu arrogé le portefeuille clé du pétrole.

Trente-six ministres et secrétaires d'Etat ont prêté serment dans la résidence du président Buhari à Abuja, mettant fin à 166 jours d'exercice du pouvoir en solitaire de celui-ci à la tête de la première économie d'Afrique.

Le président Buhari a évoqué un "nouveau départ" et justifié ce retard dans la désignation du gouvernement par la nécessité de "mettre la bonne personne au bon endroit".

"J'ai pris bien soin de ne pas répéter les erreurs du passé", a affirmé le président lors de la cérémonie.

Depuis sa prise de fonction le 29 mai, Muhammadu Buhari a souvent expliqué qu'il voulait prendre son temps, afin de mener un audit général pour lutter contre la corruption, la priorité de son programme avec l'éradication de la rébellion islamiste de Boko Haram.

Ministères réduits de 36 à 24

Le nombre de ministères a été réduit de 36 à 24 et comme il l'avait annoncé en septembre, l'ancien général de 72 ans s'est réservé le ministère du Pétrole. Stratégique pour ce pays, premier producteur de brut d'Afrique, le secteur pétrolier nigérian est notoirement gangrené par la corruption.

Le patron de la grande compagnie pétrolière publique NNPC, Ibe Kachikwu, nommé en août par le président Buhari, sera son adjoint, chargé de la gestion opérationnelle du secteur.

Ancienne banquière d'affaires et en charge jusque récemment des finances de l'Etat d'Ogun (sud-ouest), Kemi Adeosun, devient ministre des Finances. Elle aura pour tâche la remise en route d'une économie minée par sa dépendance du pétrole et la chute des prix du brut.

Autre priorité du président Buhari, la lutte contre Boko Haram, dont l'insurrection a fait plus de 17 000 morts et 2,5 millions de déplacés depuis 2009, sera menée par le général de brigade à la retraite Muhammad Mansur Dan-Ali, nommé ministre de la Défense.

Le général Dan-Ali a été préféré à l'ancien chef d'état-major de l'armée Abdulrahman Dambazau, qui avait les faveurs des pronostics des observateurs et a finalement reçu le ministère de l'Intérieur.

Le ministère des Affaires étrangères sera dirigé par un avocat d'affaires, spécialiste de la propriété intellectuelle, Geoffrey Onyeama.

L'ancien gouverneur de l'Etat de Lagos Babatunde Fashola est nommé ministre de l'Énergie, des travaux publics et du logement, et l'ancien gouverneur de l'Etat de Rivers Rotimi Amaechi sera à la tête des Transports.

Les ex-gouverneurs Fashola et Amaechi sont deux poids lourds du parti de Buhari, le Congrès progressiste (APC). Rotimi Amaechi avait dirigé la campagne électorale qui avait vu en mars l'élection de Muhammadu Buhari contre le sortant Goodluck Jonathan.

Sept femmes dans le nouveau cabinet

Le nouveau cabinet, qui compte sept femmes, est composé de 36 ministres et secrétaires d'Etat issus de chacun des 36 Etats de la fédération nigériane, pour respecter les équilibres géographiques, ethniques et religieux du pays.

L'avocate Aisha Alhassan, nommée ministre des Femmes, a par ailleurs gagné un procès contre sa défaite à l'élection de gouverneur en avril dernier. Elle va prendre ses fonctions dans l'Etat de Taraba (est) et devenir ainsi la première femme gouverneur depuis l'indépendance du Nigeria il y a 55 ans.

"Il est grand temps que les ministres se mettent au travail", a réagi pour l'AFP Dawn Dimowo, du cabinet de consultants politiques Africa Practice.

"L'APC a fait beaucoup de promesses et doit maintenant passer aux actes", a-t-elle ajouté.

"Le gel politique avait entraîné un gel économique, un climat d'incertitude malsain pour les investissements et la prise de décision stratégique pour les entreprises", a de son côté expliqué à l'AFP Michael Famoroti, responsable pour le Nigeria du bureau d'analystes économiques et financiers Stears.

"Trop de pans entiers de l'économie s'étaient figés dans l'attente de clarté de la part de l'exécutif", a-t-il ajouté en espérant un redémarrage rapide de la première puissance économique africaine.

Avec AFP

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