Homme politique n'occupant aucun poste officiel au sein de l'opposition, Miguna Miguna, qui dispose des nationalités kényane et canadienne, a été propulsé sur le devant de la scène depuis sa participation à l'investiture symbolique du chef de l'opposition Raila Odinga le 30 janvier.
Il est un des trois membres de l'opposition arrêtés pour avoir participé à cet événement. La police a entre-temps relâché les deux autres opposants, deux députés, dont un a aussi été inculpé de trahison, mais elle ignore depuis vendredi une décision de justice accordant à M. Miguna la libération sous caution.
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Mardi, des manifestations de soutien à M. Miguna ont fait au moins un mort dans l'ouest du pays.
Plusieurs sources policières, notamment à l'aéroport international Jomo Kenyatta de Nairobi, ont confirmé sous couvert de l'anonymat que M. Miguna avait été "déporté".
"Il a été forcé à monter dans un vol à destination du Canada par des policiers lourdement armés. Toutes les procédures liées à une déportation ont été suivies", a déclaré l'une d'elle.
Des photos de M. Miguna assis dans un avion ont circulé mardi soir sur les réseaux sociaux, et son avocat Nelson Havi a déclaré à l'AFP avoir été "informé de source fiable qu'on a forcé Miguna Miguna à monter dans un vol de la compagnie KLM pour une déportation vers le Canada".
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Mardi, un juge de Nairobi avait averti le chef de la police kényane, notamment, qu'il pourrait être inculpé d'"outrage" pour ne pas avoir respecté la décision de justice ordonnant la libération sous caution de M. Miguna, et avait exigé des forces de l'ordre qu'elles lui présentent le politicien mercredi matin en vue de sa libération.
Une porte-parole du ministère kényan de l'Intérieur, Mwenda Njoka, a assuré sur Twitter que "M. Miguna a dénoncé sa citoyenneté kényane il y a des années, a acquis la citoyenneté canadienne et ne s'est jamais inquiété de demander à nouveau sa citoyenneté kényane de manière légale".
M. Miguna avait perdu la course au gouvernorat de Nairobi en tant que candidat indépendant lors des élections d'août 2017, alors qu'une preuve de nationalité kényane est requise pour s'y présenter.
Le politicien avait joué un rôle important dans la prestation de serment comme "président du peuple" le 30 janvier de M. Odinga, 73 ans, qui refuse de reconnaître la réélection d'Uhuru Kenyatta à la présidentielle de 2017.
Ce geste symbolique s'inscrivait dans le cadre du mouvement de désobéissance civile lancé par l'opposition, et dont M. Miguna affirme être un "général".
Avec AFP