"En tant que parti, nous ne tolérerons aucune violence, en tant que président, je ne tolérerai aucune violence", a déclaré au cours d'une conférence de presse M. Kenyatta, chef du parti au pouvoir Jubilee et candidat à un second mandat.
La première économie d'Afrique de l'Est se rendra aux urnes le 8 août pour des élections générales, 10 ans après les pires violences électorales de l'histoire du pays (plus de 1.100 morts), alimentées par des doutes substantiels sur la crédibilité du résultat de la présidentielle.
Quelque 19 millions d'électeurs sur une population estimée à environ 46 millions d'habitants par la Banque mondiale seront appelés à élire leurs président, gouverneurs, députés, sénateurs et membres des assemblées locales.
"Quiconque prendra part à des actes de violence sera confronté à la loi, quelle que soit cette personne", a insisté le président Kenyatta, 55 ans.
Les élections au Kenya se jouent rarement sur des programmes, beaucoup plus sur des lignes ethniques et géographiques. M. Kenyatta se représente cette année avec son actuel vice-président William Ruto, réédition du ticket gagnant de 2013. Les deux hommes comptent sur le soutien massif de leurs communautés - Kikuyu pour M. Kenyatta, Kalenjin pour M. Ruto - pour l'emporter.
En 2013, MM. Kenyatta et Ruto, dont les ethnies s'étaient violemment affrontées pendant les violences de 2007/08, étaient poursuivis par la Cour pénale internationale en raison même de ces violences, poursuites qui ont depuis été abandonnées.
En face, l'opposition a formé une coalition, Nasa (National super alliance), qui regroupe cinq poids-lourds de la politique kényane, dont Raila Odinga, ancien Premier ministre (2008-2013) d'un gouvernement d'union nationale et figure de l'opposition.
Mais la coalition est empêtrée depuis plusieurs mois dans le processus de désignation de son candidat à la présidentielle et le parti au pouvoir ne se prive pas de railler une opposition désorganisée.
Lors d'un grand meeting jeudi à Nairobi, l'un des chefs de la Nasa, Moses Wetangula, a annoncé que le nom de leur candidat à la présidentielle sera dévoilé jeudi prochain. Raila Odinga, 72 ans, est pressenti pour porter une nouvelle fois les couleurs de l'opposition, après trois tentatives infructueuses. En 2007 et en 2013, il avait dénoncé des fraudes massives.
Coups de feu et de poing
Dans un pays où la compétition électorale ne connaît quasiment aucun répit, la fièvre est montée d'un cran ces dernières semaines.
De nombreux incidents ont émaillé les primaires, actuellement en cours pour les élections parlementaires et locales, de Jubilee et de la Nasa.
Ainsi, le député albinos Isaac Mwaura a affirmé sur son compte Facebook avoir été blessé à l'oreille par un tir d'arme à feu et sa voiture criblée de balles, dénonçant une "tentative d'assassinat" alors qu'il faisait campagne sous les couleurs de Jubilee, quelques jours après avoir fait défection de l'opposition, une pratique très courante au Kenya.
Plusieurs échauffourées ont également ponctué des rassemblements ou meetings pour les primaires tant de l'opposition que du parti au pouvoir, certains candidats étant accusés de payer des jeunes désoeuvrés pour perturber la campagne de leurs adversaires, quand bien même ils appartiennent au même camp.
Mercredi, plusieurs médias kényans rapportaient ainsi une bagarre entre partisans de deux aspirants à la députation à Eldoret (ouest), tous deux issus du camp Jubilee, et qui s'est soldée par l'hospitalisation de M. Swarup Kiprop Mishra pour des coups reçus à l'estomac et une tentative de strangulation.
La police kényane s'interroge même sur plusieurs cas de brefs enlèvements de candidats qui refont surface après quelques jours de disparition. Elle n'exclut pas qu'il s'agisse de mises en scène par les victimes présumées elles-mêmes pour s'attirer, selon l'expression en cours au Kenya, "des votes de sympathie".
Sans préjuger de la conduite des élections d'août, Nic Cheeseman, professeur de politique africaine à l'université d'Oxford, relevait pour l'AFP qu'il "est très difficile de construire une démocratie forte et valable si les primaires des partis politiques viennent constamment saper la confiance du public dans ces partis".
Avec AFP