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L'AMA met la Russie au ban du monde sportif pour quatre ans


Yuliya Stepanova, dénonciatrice du dopage de ses compatriotes, a subi une blessure lors de la course de 800m, Pays-Bas, le 6 juillet 2015.
Yuliya Stepanova, dénonciatrice du dopage de ses compatriotes, a subi une blessure lors de la course de 800m, Pays-Bas, le 6 juillet 2015.

Des sanctions historiques : l'Agence mondiale antidopage (AMA) a exclu lundi la Russie des Jeux olympiques pour quatre ans et de la Coupe du monde 2022 de football au Qatar, pour punir Moscou d'avoir récidivé dans la triche en falsifiant des données de contrôles.

Des sportifs admis, mais sous "drapeau neutre", pas de drapeau ou d'hymne russe aux JO et à tout championnat du monde, interdiction d'accueillir ce type de compétitions sur son sol: à l'issue d'une réunion expédiée en une heure dans un grand hôtel de Lausanne, le comité exécutif de l'AMA a confirmé la suspension de l'agence antidopage Rusada et les sanctions que lui recommandait son comité de révision de la conformité (CRC).

Il ne pourrait s'agir que d'une étape, car Moscou, via Rusada ou son comité national olympique, ainsi que les fédérations internationales, peuvent faire appel pendant 21 jours devant le Tribunal arbitral du sport (TAS), qui aurait le dernier mot. L'appel serait suspensif.

"C'est un moyen d'écarter la concurrence russe du sport mondial (...) Il est essentiel que nous rétablissions nos droits" en faisant annuler la décision de l'AMA, a réagi le vice-président de la Douma, la chambre basse du Parlement, Petr Tolstoï.

- "Aucune chance" -

Mais le directeur général de Rusada, Iouri Ganous, très sévère contre ses propres autorités, qu'il soupçonne d'être derrière la manipulation des données, s'est montré pessimiste auprès de l'AFP. "Il n'y a aucune chance de gagner devant un tribunal", a-t-il déclaré.

"Les sportifs russes, s'ils veulent participer aux Jeux olympiques ou paralympiques ou tout autre événement majeur figurant dans les recommandations, devront démontrer qu'ils ne sont pas impliqués dans les programmes de dopage décrits par les rapports +McLaren+ ou que leurs échantillons n'ont pas été falsifiés", a expliqué un porte-parole de l'AMA, James Fizgerald. Dans ce cas, ces sportifs ne pourraient représenter la Russie, dont ni le drapeau ni l'hymne n'auront droit de cité durant ces compétitions.

Peu après la confirmation des sanctions, les patrons de plusieurs fédérations sportives russes, cités par les agences de leur pays, se sont dits prêts à envoyer des délégations aux JO, sous drapeau neutre.

"La Russie a eu toutes les occasions de mettre de l'ordre dans ses affaires et de se joindre de nouveau à la communauté antidopage mondiale pour le bien de ses sportifs et de l'intégrité du sport, mais elle a choisi de continuer dans sa position de tromperie et de déni", a déclaré de son côté le président de l'AMA, Craig Reedie, dans un communiqué de l'agence.

- Depuis cinq ans -

L'affaire empoisonne en effet le sport international depuis cinq ans et les premières révélations sur un dopage institutionnalisé en Russie entre 2011 et 2015, impliquant plusieurs rouages de l'État, dont le ministère des Sports et le service secret FSB, selon plusieurs enquêtes internationales, dont les rapports du juriste canadien Richard McLaren commandés par l'AMA.

Depuis fin 2015, les compétitions internationales en athlétisme n'acceptent déjà plus que des sélections de sportifs russes "neutres", sans les couleurs du pays. Le drapeau blanc, bleu et rouge n'a pas non plus été hissé aux Jeux olympiques d'hiver 2018 de Pyeongchang.

Début 2019, la remise de milliers de données brutes de contrôles antidopage, stockées dans les serveurs de l'ancien laboratoire de Moscou, aurait dû clore l'affaire. Ce geste de transparence, exigé par l'AMA, devait lui permettre de lever le voile sur des contrôles positifs camouflés au sein du laboratoire et monter des dossiers disciplinaires contre des sportifs russes.

Mais les experts informatiques missionnés par l'AMA ont découvert que "des centaines" de résultats suspects avaient été effacés de ces données, pour certains entre décembre 2018 et janvier 2019, juste avant leur remise par les autorités russes au gendarme mondial antidopage.

Cette faute de plus, qui s'ajoute à un passif déjà lourd, a suffi à convaincre à l'unanimité le comité exécutif de l'AMA, composé à parts égales de représentants des États et du mouvement olympique.

D'autres voix, notamment celles du patron de l'antidopage américain, Travis Tygart, ou des membres du comité des sportifs de l'AMA, s'étaient élevées pour réclamer des sanctions plus sévères, comme une interdiction totale de participation des athlètes russes aux JO.

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