Le ministère "est au regret d'informer les populations nigériennes que l'armée ne se reconnaît nullement à travers les conclusions de la CNDH", selon un communiqué daté du 11 septembre et signé par le ministre de la Défense Issoufou Katambé.
"Vu la gravité d'une telle affirmation qui au demeurant pourrait être de nature à saper le moral des troupes, discréditer leurs actions, leur combat contre les groupes armés terroristes (...) le ministre tient à informer l'opinion (...) que les FDS ont toujours fait montre de professionnalisme en respectant les droits humains dans l'exécution de leurs missions", insiste-t-il.
Selon le communiqué, "les personnels des Forces armées nigériennes reçoivent dès leur formation initiale un enseignement sur le droit de la guerre", et sur le terrain, "les troupes n'agissent donc pas en électron libre hors du contrôle de leur hiérarchie".
Le ministre "réitère sa confiance aux Forces de défense et de sécurité (FDS)".
Selon le rapport publié début septembre par la CNDH, rendant compte d'une enquête menée du 20 mai au 6 juillet, des soldats nigériens engagés dans la lutte contre les jihadistes sont "responsables d'exécutions sommaires" de dizaines de civils dans la région de Tillabéri.
Cette région est en proie à des attaques jihadistes ayant coûté la vie à des centaines de soldats.
"La mission a découvert au moins 71 personnes qui ont été tuées", avait affirmé Abdoulaye Seydou, responsable d'une ONG ayant participé à l'enquête, imputant ces "exécutions sommaires et extrajudiciaires" à des membres des FDS.
"Ce n'est pas l'ensemble des corps constitués de l'armée qui a fait ça, c'est quelques groupuscules", avait affirmé Alichina Amadou Koulguéni, secrétaire général de la CNDH, un organe public composé de représentants du gouvernement, du Parlement, d'ONG, de syndicats et de juristes.
Le 5 septembre, le ministre Issoufou Katambé, avait dit : "Nous avons transmis le rapport aux juridictions compétentes", sans préciser la nature de la juridiction.
En avril, la Mission de l'ONU au Mali (Minusma) avait dénoncé la "multiplication" des méfaits imputés aux armées nationales au Sahel. L'ONU avait dénombré 101 exécutions extrajudiciaires par l'armée malienne entre janvier et mars, et une trentaine d'autres par l'armée nigérienne au Mali.
En juin, Amnesty International avait accusé des soldats de trois pays du Sahel (Mali, Niger, Burkina) engagés dans la lutte contre les jihadistes de la disparition de près de 200 personnes en quelques mois.