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Lula au tribunal devant un juge anticorruption


L’ancien président du Brésil Luiz Inacio Lula da Silva prononce le discours d’ouverture au congrès national des experts de l’éducation à Brasilia, Brésil, 12 janvier 2017.
L’ancien président du Brésil Luiz Inacio Lula da Silva prononce le discours d’ouverture au congrès national des experts de l’éducation à Brasilia, Brésil, 12 janvier 2017.

Le très attendu face-à-face entre l'ex-président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva et le juge anticorruption Sergio Moro a commencé mercredi à Curitiba (Sud), une audience sous tension dont l'issue pourrait étouffer dans l'oeuf ses ambitions de retour au pouvoir.

L'ancien dirigeant est arrivé au tribunal un peu avant 14H00 (17H00 GMT), ont constaté des journalistes de l'AFP, et son interrogatoire, qui se déroule à huis clos, devait débuter dans la foulée.

L'icône de la gauche latino-américaine, qui a présidé le Brésil de 2003 à 2010, compte sur le soutien de plusieurs milliers de partisans, venus pour la plupart en bus de différentes régions du pays, mais tenus à distance par un important dispositif de sécurité.

Les environs du tribunal ont été totalement bouclés, avec d'imposantes barrières et des dizaines de policiers anti-émeute en uniforme beige.

Agitant des drapeaux rouges à l'effigie du Parti des travailleurs (PT), parti fondé par Lula en 1980, les militants ont été parqués dans le quartier de Boca Maldita (Bouche maudite, en portugais), près du centre historique, à environ cinq kilomètres du palais de justice.

L'ancien ouvrier métallurgiste est visé par cinq procédures judiciaires liées à l'opération "Lavage express".

Cette enquête tentaculaire à la charge du juge Moro a révélé un vaste réseau de corruption orchestré par des entreprises du bâtiment pour truquer systématiquement les marchés publics, notamment ceux du géant pétrolier étatique Petrobras.

- Guerre des hashtags -

Lula est à la barre mercredi pour se défendre d'accusations selon lesquelles il aurait reçu un appartement en triplex dans une station balnéaire en guise de pot-de-vin.

Selon les procureurs, il aurait bénéficié de largesses à hauteur de 3,7 millions de réais (1,16 million de dollars) de la part d'OAS, une société de BTP impliquée dans le scandale Petrobras.

Le verdict n'est pas attendu avant plusieurs semaines. S'il est reconnu coupable et la décision confirmée en appel, Lula encourt une peine de prison et ne pourra pas se présenter à l'élection présidentielle de 2018.

Malgré les affaires, il est largement en tête des intentions de vote, bien que suscitant également un niveau élevé de rejet.

Depuis le début de la journée, les internautes des deux camps se livraient un duel à coups de hashtags sur les réseaux sociaux. D'un côté "#LulaEuConfio" (J'ai confiance en Lula) et de l'autre "#MoroOrgulhoBrasileiro" (Moro, la fierté du Brésil).

C'est justement sur Twitter, avec le mot-clé "#LulaEuConfio", que la dauphine de Lula, Dilma Rousseff, destituée l'an dernier pour maquillage des comptes publics, a annoncé son arrivée à Curitiba pour soutenir son mentor.

"Je suis à Curitiba pour témoigner de ma solidarité envers le président Lula. La vérité va triompher", a publié Mme Rousseff.

- 'Lutte des classes' -

Les militants affichent aussi une confiance sans faille envers l'ancien président, qui jouissait d'un taux de popularité de 80% à la fin de son second mandat, en 2010, notamment grâce à des programmes sociaux ambicieux qui ont sorti des millions de Brésiliens de la misère.

"Je crois qu'il est innocent. S'ils avaient des preuves concrètes, ils l'auraient déjà arrêté. Ce procès est une lutte des classes", a affirmé à l'AFP Gérson Castellano, syndicaliste du secteur pétrolier.

C'est dans ce contexte que la justice brésilienne a ordonné mardi soir la suspension des activités de l'Institut Lula, fondation basée à Sao Paulo (sud-est) qui représente l'ancien chef de l'Etat, car ce lieu aurait abrité des rencontres en vue de commettre des délits.

Pas de quoi entamer la combativité du tribun à la barbe légendaire désormais grisonnante, qui avait déjà annoncé la couleur vendredi.

"Ça fait deux ans que je vois dans la presse que je vais finir en prison. Ils ont intérêt à m'arrêter bientôt, sinon c'est peut-être moi qui vais les faire arrêter à cause de tous les mensonges qu'ils profèrent", s'est insurgé l'ex-président lors d'un congrès du PT.

Avec AFP

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