Le nouveau découpage administratif et l’exploitation anarchique de l’or créent des mécontentements dans le nord du Tchad.
La population de la zone de Tibesti est entre le marteau des rebelles qui menacent le fauteuil du président Déby et l’enclume des individus se réclamant du régime au pouvoir qui exploitent l’or de façon clandestine.
Un nouveau découpage administratif rattache la zone productrice de l’or à une autre province.
Pour se faire entendre, les habitants de la localité se sont constitués en groupe d’autodéfense afin de contrecarrer l’exploitation illégale de ce noble métal.
"Depuis l’apparition de l’or à Miski, M. Déby et ses proches voudraient à tout prix exploiter cette richesse. C’est ce que nous n’acceptons pas. Le comité d’autodéfense dont je suis le porte-parole n’a pas de revendications spécifiques, sinon l’exploitation dans un cadre légal de l’Etat avec le respect de code minier. Nous n’avons aucun lien avec quelque groupe que ce soit. Nous sommes une population civile. Nous défendons notre honneur et notre dignité", se plaint l’ex-sous-préfet de Yébibou, Molly Sougui, qui a démissionné de son poste et qui dirige aujourd’hui le comité d’autodéfense.
Pour Djiddi Allahi Mahamat, député du département de Tibesti Ouest, ce problème ne peut être réglé que si le gouvernement reconsidère sa position et applique le code minier.
"C’est le département d’Emi Koussi qui a été rattaché à la province du Borkou qui a posé ce problème. Donc, nous souhaitons régler le problème d’une manière légale. Parce qu’il faut tenir compte de l’éloignement du lieu. On a adopté il y a quelques mois le coder minier. Je pense que si nous respectons les termes, le problème sera réglé de manière définitive", affirme M. Mahamat.
Ce qui se passe dans le Tibesti ressemble à la guerre de David contre Goliath, estime Ahmat Ramadan, un jeune cadre de la localité.
"Le seul responsable de ces hostilités, c’est le gouvernement. Là, je le dis très sincèrement. Avant la découverte de l’or, le gouvernement tchadien les ignorait. Vous partez à Miski, il n’y a aucune structure éducative et sanitaire. Il n’y a rien du tout. Comme les gens s’opposent à la volonté du régime au pouvoir, on débarque avec une colonne de plus de cent véhicules pour nettoyer la population. C’est vraiment honteux qu'un gouvernement responsable aille bombarder sa propre population", s’indigne le jeune Ramadan.
Ahmat Mahamat Bachir, ministre en charge du Commerce, des mines et du développement industriel, affirme à VOA Afrique que le code minier ne sera appliqué que lorsque le gouvernement aura maîtrisé la situation dans cette partie du pays.
"Le gouvernement a fait un découpage sur l’ensemble du territoire national. Si le problème ne s’est pas posé ailleurs, je me demande bien pourquoi il se pose à Miski? Le code minier, c’est une loi qui est là. Quand la sécurité sera assurée à 100% dans les zones où se trouvent les mines d’or, c’est le code minier qui sera mis devant pour réglementer cette activité", justifie le ministre Mahamat Bachir.
Trois chefs de cantons de la sous-préfecture de Yébibou qui ont contesté le morcèlement de leur localité sont non seulement révoqués de leur fonction mais leurs circonscription ont été dissoutes par un décret présidentiel.