"Nous voulons donner aux Américains une baisse d'impôts géante pour Noël", a déclaré le président américain dans le Bureau ovale. "Je pense qu'on peut vraiment y arriver avant Noël".
Après des mois de négociations en privé, le texte exact de la proposition de loi a été rendu public par la majorité républicaine, qui veut effectivement avancer vite. Le premier objectif est une adoption par la Chambre des représentants avant les congés de Thanksgiving, dans deux semaines, puis l'examen par le Sénat, et un vote définitif avant la fin de l'année.
Les 429 pages du texte législatif ont commencé à être examinées à la loupe par experts et lobbys pour découvrir comment, en détails, il changera le système fiscal américain, dans ce qui représente la plus grande refonte du code des impôts depuis Ronald Reagan, en 1986.
Les grands titres de la réforme étaient connus et n'ont pas changé: baisse de l'impôt sur les sociétés de 35 à 20%, et réduction de l'impôt sur le revenu, qui passera de sept à quatre tranches (plus une cinquième en comptant une tranche effective "zéro").
Fruit d'un compromis de dernière minute, le taux maximal actuel de 39,6%, datant de l'ère Obama, restera en place, afin de ne pas prêter le flanc aux accusations d'une réforme favorable aux plus fortunés. Mais il serait appliqué à des revenus plus élevés - un million de dollars pour un couple marié.
Une grande simplification fiscale, avec la suppression de déductions, sera lancée: les Américains ne pourront plus déduire les pensions alimentaires versées, les frais de déménagement professionnel, d'importantes dépenses médicales, et d'autres niches plus spécifiques. Quelques grandes déductions (intérêts d'emprunts immobiliers, impôts locaux, épargne retraite) seront en revanche préservées pour éviter un tollé, mais certaines seront plafonnées.
"Une famille moyenne de quatre personnes verra ses impôts baisser de 1.182 dollars en moyenne", a déclaré lors d'une grande conférence de presse au Capitole Paul Ryan, le président de la Chambre. L'équivalent d'un an de facture téléphonique ou d'essence, selon lui.
"Nous simplifions tellement les choses que vous pourrez faire votre déclaration sur une formulaire de la taille d'une carte postale", a-t-il aussi promis.
- Augmentation du déficit -
Politiquement, le champ de bataille se situe principalement au sein de la majorité. L'opposition démocrate n'a aucune intention de coopérer pour aider le président à engranger une victoire.
Les républicains "ont écrit cette loi dans l'ombre et veulent la précipiter au Congrès avant qu'elle soit bien comprise", a dit la chef de la minorité démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi.
Ils dénoncent une baisse d'impôts qui profitera mécaniquement plus aux "1%" qu'à la classe moyenne. Ils citent la suppression programmée, dans six ans, de ce que les républicains appellent "l'impôt sur la mort": l'impôt sur les successions, qui ne frappe déjà aujourd'hui que les grandes fortunes.
Donald Trump, à la veille de son départ pour une tournée de 12 jours en Asie, concentre sa cour sur les parlementaires républicains. Il a reçu des sénateurs jeudi matin, et recevra dans l'après-midi des membres de la Chambre, uniquement républicains.
Les factions républicaines, entre les pro-entreprises du Nord-Est et les conservateurs du centre rural du pays, s'affrontent sur l'architecture future du système fiscal, et sur le degré acceptable d'entorse aux principes d'orthodoxie budgétaire prêchés avec ferveur durant les années Obama.
Car la réforme coûtera cher aux finances publiques: 2.400 milliards de dollars de recettes fiscales en moins sur la première décennie, selon une analyse la semaine dernière par le Tax Policy Center. Ses experts ne croient pas que ces pertes de recettes seront compensées par un regain de la croissance, comme Donald Trump l'affirme.
Quelles que soient les analyses, le chef de la majorité de la Chambre, Kevin McCarthy, a résumé les enjeux politiques pour les élus de son groupe: la réforme fiscale sera le vote le plus important de leur carrière parlementaire.
Avec AFP