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La Centrafrique vote pour un président et des députés


Des électeurs font la queue pour voter au bureau de vote du lycée Barthélemy Boganda dans le 1er arrondissement de Bangui, en République centrafricaine (RCA), le 27 décembre 2020.
Des électeurs font la queue pour voter au bureau de vote du lycée Barthélemy Boganda dans le 1er arrondissement de Bangui, en République centrafricaine (RCA), le 27 décembre 2020.

Les Centrafricains votent dimanche pour élire un président et des députés même si une grande partie en sont empêchés dans un pays toujours en guerre civile et sous la menace d'une nouvelle offensive rebelle contre le régime du sortant et favori, Faustin Archange Touadéra.

Les groupes armés, qui contrôlaient déjà deux tiers du territoire et ont juré, il y a neuf jours, de "marcher sur Bangui" pour empêcher le scrutin, sont pour l'heure tenus à distance de la capitale de ce pays parmi les plus pauvres du monde. Grâce au renfort de centaines de paramilitaires russes, soldats rwandais et Casques bleus de la force de maintien de la paix de la Mission de l'ONU en Centrafrique (Minusca).

Les rebelles ont finalement reçu dimanche le soutien public de l'ex-président François Bozizé, dont la candidature avait été invalidée début décembre et qui, après avoir démenti mener un "coup d'Etat" à leur tête, a appelé à boycotter les scrutins.

La tenue de ces élections présidentielle et législatives est un enjeu majeur pour le pays mais aussi pour la communauté internationale, qui tente de l'aider à se reconstruire et d'y maintenir une sécurité toute relative depuis 2014.

Bangui était calme en milieu de matinée. De très nombreux Casques bleus et soldats centrafricains et rwandais patrouillaient dans tous les quartiers et des blindés blancs de la Minusca surmontés de mitrailleuses protégeaient les bureaux de vote.

"Je veux d'abord la paix et cela passe par le vote", s'enthousiasme Roméo Elvin, un étudiant de 24 ans avant de voter au lycée Boganda. Des dizaines d'électeurs se pressaient dans les bureaux visités par l'AFP à Bangui, qui doivent fermer entre 16h00 et 17h00 (15H00 et 16H00 GMT).

Bureaux restés fermés

Mais loin de la capitale, des combats sporadiques ont lieu depuis neuf jours.

Des incidents épars étaient rapportés et des milliers de personnes étaient privées de leurs cartes d'électeurs jamais arrivées en raison de l'insécurité, selon des responsables locaux et de l'ONU qui ont tous requis l'anonymat.

Ainsi, dans le nord-ouest, à plus de 500 km de Bangui, des rebelles ont saisi du matériel électoral à Koui, menacé de tuer des agents électoraux à Ngaoundaye, et quiconque ira voter à Bocaranga, selon un haut responsable de l'ONU. A Bambari, quatrième ville du pays à 380 km au nord-est de Bangui, les bureaux de vote sont demeurés fermés le matin en raison de tirs des groupes armés, selon Jeannot Nguernendji, président du comité de paix local.

Plus près, à Bossembélé, une ville de 50.000 habitants à 150 km de Bangui, "nous n'avons pas reçu les cartes d'environ 11.000 électeurs", se désole une haute responsable de la sous-préfecture. Même chose à Batangafo, à 380 km au nord de Bangui, selon un agent électoral.

Dans ce contexte, la question de la légitimité des futurs élus - le président et 140 députés - est déjà posée quand une partie importante de la population ne peut pas voter, ou le faire librement et sereinement, en dehors de Bangui, selon les experts et l'opposition.

"Les élections vont mal se passer et la population se retrouve prise en otage de la situation actuelle," estime pour l'AFP Roland Marchal, du Centre de recherches internationales (Ceri) de Sciences Po à Paris.

Pour Thierry Vircoulon, de l'Institut français des relations internationales (Ifri), "les rebelles peuvent largement tenir plusieurs préfectures, ils n'ont pas besoin d'aller jusqu'à Bangui pour perturber les élections".

Mais ces combattants, habitués en 2013 et 2014 à attaquer des civils abandonnés par une armée alors en déroute, font aujourd'hui face à une sérieuse opposition. En plus des habituels 11.500 Casques bleus, renforcés jeudi par 300 soldats rwandais, Moscou et Kigali ont volé il y a quelques jours au secours du pouvoir de M. Touadéra.

Opposition dispersée

La Russie, soutenant ouvertement depuis 2018 le gouvernement Touadéra, a envoyé 300 "instructeurs militaires" - en fait des paramilitaires de société privées russes de sécurité - en renfort de centaines de leurs pairs déployés depuis plus de deux ans. Et le Rwanda a dépêché des soldats d'élite hors Minusca, "des centaines", selon Bangui.

L'opposition s'avance en ordre dispersé, avec pas moins de 15 candidats, face à un Touadéra qui a, selon les experts et les diplomates, toutes les chances d'obtenir un second mandat. D'autant que M. Bozizé, son plus sérieux rival avant son invalidation, a de facto retiré dimanche son soutien à l'ex-Premier ministre Anicet Georges Dologuélé en appelant à boycotter les scrutins.

Les premiers résultats partiels sont attendus le 4 janvier et définitifs le 19. Un second tour éventuel est prévu pour le 14 février.

Des milliers de personnes ont été tuées depuis le début de la guerre civile, en 2013, quand une coalition à dominante musulmane, la Séléka, a renversé Bozizé.

Les affrontements entre Séléka et milices chrétiennes et animistes anti-balaka ont ensuite fait rage, les deux camps accusés par l'ONU de crimes de guerre et contre l'humanité.

Depuis 2018, la guerre a considérablement baissé d'intensité, les groupes armés se disputant les ressources du pays tout en perpétrant sporadiquement attaques et exactions contre les civils.

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