La ministre française des Armées Florence Parly a remis ces 1.400 fusils, des Kalachnikov de type AK-47, ainsi que trois embarcations légères, lors d'une cérémonie sur la base de M'Poko à Bangui.
Ce stock de Kalachnikov, cédé gratuitement, avait été saisi en 2016 sur un boutre près du Yémen, pour non respect de l'embargo sur les armes à destination de ce pays.
La ministre centrafricaine de la Défense, Marie-Noëlle Koyara, s'est réjouie de ce geste, rappelant que "notre frontière de 1.600 km doit être assurée", or "pour l'instant nous avons encore de sérieuses difficultés".
La France a obtenu une exemption à l'embargo de l'ONU sur les livraisons d'armes à la Centrafrique, tout comme la Russie qui a livré 1.700 Kalachnikov aux Faca en janvier.
"Il n'y a aucun obstacle de principe du côté de la France pour que cet embargo soit levé" définitivement, selon Mme Parly.
"Ce qui est important c'est que ces armes, dès lors qu'elles seront livrées aux forces armées centrafricaines, puissent être identifiées, stockées et tracées", a-t-elle souligné.
Les forces armées centrafricaines, faiblement équipées et peu structurées, peinent à prendre pied dans un pays toujours en proie aux violences intercommunautaires deux ans après la fin de l'opération française Sangaris en octobre 2016.
Aujourd'hui, "la reconstruction de l'armée est une de nos priorités dans le cadre de la recherche de la paix et de la stabilité", a déclaré le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra lors d'un entretien avec Mme Parly. "Nous comptons énormément sur nos partenaires traditionnels", a-t-il ajouté.
L'armée française était intervenue entre 2013 et 2016 pour faire cesser les violences de la coalition rebelle Séléka (à dominante musulmane) et les représailles des milices antibalaka prétendant défendre les chrétiens.
Deux ans plus tard, la quasi-totalité de ce pays de 4,5 millions d'habitants parmi les plus pauvres du monde reste contrôlée par des groupes armés qui combattent pour s'accaparer les ressources minières telles que l'or et les diamants et renforcer leur influence locale.
Les Faca comptent environ 7.000 soldats, confrontés à au moins autant de combattants de groupes armés et qui doivent encore s'implanter sur l'ensemble du territoire pour aider à établir l'autorité de l'Etat.
En quelques mois, la Russie a investi tous azimuts dans cette ancienne colonie française, formant 2.000 soldats et les aidant à se déployer dans certaines localités reculées du nord, du centre ou du sud-est.
Un Russe à la présidence
Elle y a envoyé 170 instructeurs civils, qui ne sont autres que des mercenaires étroitement liés à des sociétés minières russes et avoisinent aujourd'hui les 300 à 400 hommes, selon des sources occidentales.
Figure emblématique de cette présence, le Russe Valeri Zakharov conseille directement le président Faustin-Archange Touadéra sur les questions de sécurité.
"Ce qui est important, c'est que l'aide apportée notamment par la Russie puisse respecter les règles qui sont posées au niveau de la communauté internationale et par les Nations unies", a déclaré Mme Parly lors d'un point de presse.
Selon elle, "il est important également que cette contribution positive qu'un certain nombre de pays, parmi lesquels la Russie, apportent, puisse s'inscrire dans l'initiative africaine de paix qui est soutenue par l'UA", l'Union africaine, a-t-elle ajouté.
"La France est très attachée (..) à ce que cette aide puisse être coordonnée avec l'aide apportée par la communauté internationale", selon Mme Parly.
La France, dont le retrait militaire a été mal vécu par les Centrafricains, est devenue de son côté la cible de campagnes de dénigrement souvent virulentes dans les médias locaux.
"La France n'est pas partie, la France est toujours présente sur différents terrains, militaire, diplomatique et sur le plan du développement (...) La France est là et elle le restera", a assuré Florence Parly.
Environ 200 militaires français restent présents en RCA - contre 2.000 à l'époque de Sangaris - où ils mènent des actions de formation des Faca et assurent un appui à la force de l'ONU (Minusca - 11.000 hommmes) si nécessaire.
En mai, des avions de chasse français ont survolé Kaga Bandoro, à 300 km au nord de Bangui, en appui de la mission onusienne après un regain de violences intercommunautaires.
Paris reste aussi le "premier partenaire pour l'aide au développement en Centrafrique" avec 130 millions d'euros annuels d'aides et des projets concrets comme la sécurisation de l'aéroport de Bangui, a souligné Florence Parly.