Muhammadu Buhari, 74 ans, a passé près de six mois à Londres depuis le début de l'année (entre janvier et mars et entre mai et août) pour des raisons de santé, sans que la nature exacte de son traitement, ni son coût n'aient été dévoilés.
L'opposition et des sources diplomatiques ont affirmé qu'il s'agissait d'un cancer de la prostate, ce qui a été démenti. Toutefois, dans la société civile nigériane, les voix commencent à s'élever pour connaître le montant de la facture et les coûts de déplacement en avion médicalisé et son stationnement à Londres.
Lai Mohammed, ministre nigérian de l'Information, a expliqué que ce silence n'était pas surprenant, alors que le président est rentré mardi à Abuja, après un court passage à nouveau à Londres pour une visite de contrôle. "Il n'y a rien d'étonnant à ce qu'un président en exercice tombe malade, et il n'y a rien d'étonnant non plus que l'Etat prenne en charge son traitement".
"Il y a eu beaucoup de spéculations autour de sa santé et des soins qu'il a reçus. Mais nous devons respecter sa vie privée", a-t-il ajouté. "S'il voulait le dire, il le dirait. Mais il n'en a aucune obligation."
La question de la santé du chef de l'Etat est également une affaire sensible au Nigeria: en 2010, le président Umaru Yar'Adua est décédé de problèmes rénaux, longtemps cachés au grand public. Muhammadu Buhari, qui était alors dans l'opposition, avait demandé que la vérité soit faite.
M. Buhari est rentré au Nigeria le 19 août après plus de 100 jours d'absence consécutifs. Alors qu'il est à mi-mandat, les cadres du parti commencent à s'organiser pour reprendre sa succession à l'élection de 2019.
"S'il veut se présenter à un prochain mandat, ça le regarde", a estimé Lai Mohammed. "Mais pour l'instant sa préoccupation est de tenir les promesses sur lesquelles il a été élu".
A son retour au Nigeria en août, le président s'était inquiété de la dégradation de la situation sécuritaire dans le pays: dans le nord-est, avec l'insurrection du groupe jihadiste Boko Haram, dans le sud-est, avec les velléités indépendantistes du Biafra; Les kidnappings et violences ethniques sont en hausse dans le pays. "J'éliminerai toutes ces menaces", avait-il martelé.
Depuis, l'IPOB, groupe indépendantiste biafrais, a été classé comme organisation 'terroriste' par l'armée nigériane, et son leader, Nnamdi Kanu, "se cache", selon le ministre Mohammed.
Avec AFP