"C'est dur, vraiment très dur d'étudier sur le campus de Lomé", se lamentait mardi Edem, 20 ans, en première année d'anglais à l'Université de Lomé.
Venue de Tsévié (35 km au nord de Lomé), cette étudiante qui vit désormais auprès de sa grande soeur ne compte plus continuer les études supérieures l'année prochaine. "Je vais laisser les cours. C'est un calvaire. J'irai apprendre un métier", lance-t-elle, assise dans un petit jardin du campus, au milieu de ses camarades.
Non loin, une dizaine de policiers surveillent l'entrée d'un des bâtiments administratifs de l'université qui était quasi-déserte mardi matin en raison des dernières manifestations. Quelques membres des forces de l'ordre étaient toujours visibles à l'entrée et dans l'enceinte du campus.
"L'ambiance est morose parce que la tension est toujours vive", explique une autre étudiante à l'entrée principale du campus.
Ouverte en septembre 1970, l'université de Lomé, la plus grande université publique du Togo, compte 16 établissements - dont 6 facultés et 5 écoles - avec plus de 40.000 étudiants.
"Les amphis et autres salles de cours sont souvent archicombles. Certains étudiants sont contraints de s'asseoir à même le sol dans les allées des salles ou sur des morceaux de briques pour suivre les cours", raconte Elie, 27 ans, étudiant en droit.
"D'autres viennent dans les salles de cours avec leur propre chaise. Et même dans ces conditions, les gens nous empêchent de nous exprimer et de manifester notre ras-le-bol", ajoute cet étudiant en fin de formation.
Des affrontements violents ont opposé des étudiants à la police mercredi et vendredi derniers sur le campus, à la suite d'un rassemblement de la Ligue togolaise des droits des étudiants (LTDE).
'Rébellion'
Selon les responsables de l'université, ces manifestations n'étaient pas autorisées et la LTDE n'est pas une association autorisée à mener des activités sur le campus de Lomé. Elles ont été dispersées au gaz lacrymogène.
La Ligue togolaise des droits de l'homme a condamné une "répression barbare, primitive, infamante et sauvage dont certains étudiants ont été l'objet" et a invité les autorités universitaires à respecter "les franchises universitaires et des libertés publiques".
Sept des huit étudiants détenus à la prison civile de Lomé ont été remis en liberté lundi soir par la justice. Accusés de "rébellion et de dégradation de biens publics", les jeunes présentés au tribunal de Lomé ont été déclarés "non coupables" par le juge, après cinq heures d'audience.
Le huitième étudiant Folly Satchivi - principal meneur de ce mouvement - absent lors du procès pour raison de santé, sera jugé le 26 juin.
Les associations estudiantines exigent sa libération "immédiate". Sur les réseaux sociaux, elles appellent les étudiants à la "mobilisation".
"Nous exigeons sa libération immédiate. Et nous ne baisserons pas les bras, tant qu'il ne sera pas libéré", confie Honoré Honoré Agoudzo, président du Mouvement pour l'épanouissement de l'étudiant togolais (Meet).
"Nous irons jusqu'au bout de nos revendications, car aucun étudiant ne peut accepter étudier dans les conditions actuelles", déclare Basile Amenuveve, secrétaire général de la LTDE.
Les étudiants exigent notamment la construction de nouvelles salles de cours et de salles de travaux dirigés, la reprogrammation de certaines matières fondamentales et l'augmentation des allocations mensuelles de 12.000 à 20.000 francs CFA (environ 18 à 30 euros) et des bourses de 18.000 à 30.000 francs CFA (27,44 à 45,73 euros).
"Nous réclamons également la reprogrammation des unités d'enseignement, conformément au système LMD (Licence master doctorat)", martèle M.Amenuveve.
Le président de l'université de Lomé Dodzi Komla Kokoroko a affirmé lundi soir dans un communiqué son "entière disponibilité à dialoguer avec les regroupements d'étudiants, afin de trouver des solutions appropriées à leurs problèmes".
Avec AFP