Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté la résolution à l'unanimité.
La résolution réaffirme que les personnels de santé et les installations médicales doivent impérativement être protégés lors des conflits.
Ce texte fait suite au bombardement d'hôpitaux et de cliniques en Syrie, au Yémen ou en Afghanistan et rappelle que de telles attaques, si elles sont délibérées, constituent des crimes de guerre.
La résolution avait été mise au point notamment par la Nouvelle-Zélande, l'Egypte --qui préside le Conseil en mai-- l'Espagne et l'Uruguay.
Une clinique a été détruite vendredi à Alep (nord de la Syrie), quatre jours après le bombardement d'un hôpital de la ville par le régime syrien qui a fait 25 morts.
En octobre 2015, un raid américain sur un hôpital de Médecins sans frontières (MSF) à Kunduz en Afghanistan a fait 42 morts. Une enquête américaine a conclu à une simple série d'erreurs.
"Stoppez ces attaques", a demandé au Conseil la présidente internationale de MSF Joanne Liu. "Transformez cette résolution en actes", afin de "mettre fin au carnage".
Elle a exigé en particulier des membres permanents du Conseil (Etats-Unis, Russie, France, Royaume-Uni, Chine) qu'ils "montrent l'exemple".
Le Dr Liu a noté que "quatre des cinq membres permanents du Conseil ont, à des degrés divers, été associés à des coalitions responsables d'attaques contre des installations médicales depuis un an".
Elle a cité les forces de l'OTAN en Afghanistan, la coalition arabe au Yémen ou la Russie qui soutient le régime syrien.
Pour le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) Peter Maurer, "même les guerres ont des limites, parce que les guerres sans limites sont des guerres sans fin".
"Cette résolution est une étape importante mais ce n'est qu'un début (...) je vous demande de continuer sur cette lancée", a-t-il déclaré aux ambassadeurs du Conseil.
Le CICR, selon lui, a recensé depuis trois ans 2.400 attaques contre des infrastructures médicales, des patients et des médecins dans onze pays en conflit, "c'est-à-dire au moins deux par jour, tous les jours, pendant trois ans".
"Même les guerres ont des règles, il est temps de les respecter et de les faire respecter", a affirmé le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.
La résolution ne se réfère pas à des cas précis et reprend les dispositions du droit humanitaire international.
Le Conseil dénonce régulièrement les bombardements d'hôpitaux dans les zones de guerre mais il s'agit de sa première résolution sur ce thème spécifique.
La résolution "condamne fermement les actes de violence" contre les malades et les blessés, le personnel médical et le personnel humanitaire "exclusivement engagés dans des actions médicales", ainsi que contre les ambulances et tous les bâtiments abritant des établissements de soins.
Il "demande instamment" aux belligérants de "mettre au point des mesures efficaces pour prévenir" de tels actes de violence et pour protéger personnel médical et travailleurs humanitaires.
Les Etats membres sont aussi sommés de s'assurer que ces personnels peuvent circuler librement et en sécurité. En cas d'incidents, les pays devront mener des enquêtes rapides et impartiales et "faire rendre des comptes" aux coupables, souligne la résolution qui dénonce "l'impunité qui prévaut" actuellement.
Selon l'ambassadeur néo-zélandais Gerard van Bohemen, le but est surtout "de continuer à braquer les projecteurs" sur une tendance inquiétante dans la guerre moderne.
La résolution demande ainsi à Ban Ki-moon de faire rapport au Conseil tous les douze mois sur son application.
Le texte fait référence aux Conventions de Genève ainsi qu'aux dispositions du Statut de Rome, fondement de la Cour pénale internationale qui est compétente pour les crimes de guerre, sans toutefois citer la CPI.
Le Conseil rappelle ainsi que "les attaques visant de manière intentionnelle les hôpitaux", ainsi que le personnel médical dûment identifié et signalé comme tel, "constituent des crimes de guerre".
Avec AFP