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Le fonio, céréale écologique, est-il l'aliment sain de demain?


Un plat à base de fonio, le 19 juillet 2016. (CC/Acha)
Un plat à base de fonio, le 19 juillet 2016. (CC/Acha)

Cultivée depuis des millénaires en Afrique de l'ouest, riche en nutriments et acides aminés, résistante à la sécheresse, la graine de fonio a tout pour conquérir un monde de plus en plus avide d'aliments sains, veut croire le chef sénégalais Pierre Thiam.

C'est devant la conférence TEDGlobal 2017 (Technology, Entertainment and Design) d'Arusha, en Tanzanie, que le chef, l'un des plus renommés du continent, a lundi soir exposé son rêve de voir cette "graine miracle" améliorer la vie des populations du Sahel et s'imposer sur les étals des pays développés.

A mi-chemin entre la graine de couscous et le quinoa, le fonio est cultivé sur le continent africain depuis environ 5.000 ans selon Pierre Thiam, qui explique en avoir fait la découverte dans le sud-est du Sénégal il y a plusieurs années à la faveur de l'écriture d'un livre de recettes.

Selon ses recherches, le fonio fut tellement prisé qu'on en retrouva la trace dans des sépultures égyptiennes pour accompagner les défunts dans l'au-delà tandis que pour les Dogon du Mali, l'univers s'est constitué à partir d'une graine de fonio.

Mais la céréale est tombée en désuétude et n'est plus cultivée que dans l'ouest du Sahel, comme à Kedougou, l'une des régions les plus pauvres du Sénégal.

La faute, selon M. Thiam, à une "mentalité coloniale" qui fait que les Sénégalais ne valorisent pas leurs cultures locales et se tournent plus volontiers vers le riz importé de Chine ou, pour les plus aisés, vers la baguette et les croissants de France.

"Il y un potentiel agricole inexploité au Sahel et il faut juste changer les conditions d'accès au marché pour libérer ce potentiel", assure M. Thiam.

"Le fonio pousse sans problème dans une région pourtant sujette à la sécheresse et à la famine. Cette petite graine pourrait apporter de grandes réponses", ajoute-t-il.

Du Sénégal à New York

De fait, le fonio a besoin de très peu d'eau et, à l'image du millet, il est souvent utilisé comme culture de "soudure", qui permet aux villageois de survivre entre deux périodes de récolte.

La culture du fonio est "excellente pour l'environnement". "Elle tolère des sols pauvres et requiert très peu d'eau. Elle prospère là où rien d'autre ne pousse", explique M. Thiam.

En 2016, le cuisinier a obtenu de la chaîne américaine de supermarchés bio Whole Foods qu'elle commercialise la céréale et, le mois dernier, le fonio a fait son apparition dans les rayons de la marque à New York.

Mais de nombreux obstacles subsistent pour faire du fonio un succès sur le marché florissant des aliments sains.

Sa production implique un processus laborieux de récolte manuelle. La céréale doit ensuite être vannée, décortiquée. Et maintenir une qualité égale nécessaire à sa commercialisation n'est pas aisé.

Mais M. Thiam veut y croire et espère voir la mise en place d'une minoterie à capitaux africains pour structurer la production du fonio.

La conférence TEDGlobal d'Arusha qui se poursuit jusque mercredi, se veut une vitrine d'idées, d'innovations et de la créativité de l'Afrique. Les nombreux intervenants disposent chacun de 18 minutes pour présenter leur communication. C'est la première fois en dix ans que sa version annuelle internationale a lieu en Afrique.

Avec AFP

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