Le Parlement libyen devait se réunir lundi pour un vote crucial pour la légitimité du nouveau gouvernement d'union nationale, qui tente d'asseoir son autorité en prenant les rênes de ses premiers ministères à Tripoli.
Ce gouvernement a reçu une nouvelle marque de soutien avec la visite surprise dans la capitale libyenne du ministre britannique des Affaires étrangères Philip Hammond, qui a rencontré le Premier ministre désigné Fayez al-Sarraj quelques jours après une démarche similaire de ses homologues italien, français et allemand.
En soirée, M. Sarraj doit participer à une vidéo-conférence avec les ministres de la Défense et des Affaires étrangères de l'Union européenne, réunis à Luxembourg.
Cette réunion permettra de "travailler à identifier des projets (de soutien) concrets (...) sur le plan économique, politique ou sécuritaire", a expliqué la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini alors que plusieurs pays européens envisagent de rouvrir leurs ambassades en Libye.
Cette intense activité diplomatique des Européens s'est accompagnée par l'annonce dimanche par l'émissaire de l'ONU Martin Kobler du retour de la mission des Nations unies (Unsmil) en Libye, pays qu'elle avait quitté à l'été 2014 en raisons des violences.
M. Kobler était lundi à Tobrouk, dans l'est libyen, où le Parlement devait se réunit pour décider d'accorder ou non sa confiance au gouvernement d'union.
Cet exécutif s'est autoproclamé en fonctions en mars mais sa légitimité n'a pas encore été consacrée par un vote de la chambre.
Un "vote de confiance sur le gouvernement d'union nationale" figure à l'ordre du jour de la séance de lundi, selon le site officiel du Parlement.
"Sauver" les Libyens
Dimanche soir, plusieurs membres du Parlement ont fait le trajet en avion entre Tripoli et Tobrouk pour prendre part au vote, a indiqué à l'AFP un pilote libyen.
Ce Parlement a plusieurs fois échoué à tenir un vote de confiance sur le gouvernement d'union nationale, faute de quorum.
Mais selon le député libyen Mohamed al-Raid, une large majorité des députés étaient bien présents lundi au siège du Parlement, où la séance devait débuter à 13H30 locales (11H30 GMT).
Issu d'un accord politique signé au Maroc fin 2015, sous l'égide de l'ONU, par certains membres des factions rivales libyennes, le gouvernement d'union nationale s'était autoproclamé en fonctions le 12 mars sur la base d'un communiqué de soutien d'une centaine de parlementaires (sur 198).
Arrivé le 30 mars à Tripoli par la mer, il a pris ses quartiers dans la base navale de la capitale. Il a rallié le soutien d'acteurs économiques clé comme la compagnie nationale pétrolière et la banque centrale ainsi que celui d'une partie des autorités basées à Tripoli et rivales du gouvernement installé dans l'est du pays.
Mais ce cabinet doit encore assoir son autorité naissante sur la totalité du territoire libyen et surmonter un obstacle majeur, à savoir le refus du gouvernement basé dans l'est du pays, qui était jusqu'alors reconnu par la communauté internationale, de lui céder le pouvoir avant le vote de confiance du Parlement.
Le vice-premier ministre désigné, Ahmed Meitig, a toutefois indiqué que quelle que soit l'issue du vote du Parlement, l'exécutif d'union commencera lundi à prendre le contrôle de ses premiers ministères, ceux des Affaires sociales, de la Jeunesse et des Sports ainsi que de l'Habitat et des Travaux publics.
Mais "le Parlement votera en faveur du gouvernement" pour "sauver" les Libyens et mettre fin à la division au sein des administrations libyennes, a assuré M. Meitig.
A Tripoli, le gouvernement d'union a invité les journalistes à venir assister à son entrée dans ces trois ministères.
Avec AFP