M. Katumbi "devrait retourner à ses études", a déclaré le porte-parole du gouvernement Lambert Mende lors d'une conférence de presse à Kinshasa, "devant l'ignorance, on doit éprouver une certaine gêne, sinon de la pitié".
Sous la menace d'un procès pour atteinte à la sûreté de l'État, M. Katumbi a argué être malade pour quitter la RDC en mai, avec l'accord des autorités judiciaires. En juin, il a été condamné par un tribunal à trois ans de prison ferme dans une affaire de fraude immobilière. Ses avocats ont interjeté appel.
"Le même parquet qui m'avait autorisé à sortir du pays m'a condamné injustement", a déclaré mardi à la chaîne française TV5, M. Katumbi, richissime homme d'affaires et ex-allié politique du président congolais Joseph Kabila.
M. Mende s'est gaussé de cette déclaration, affirmant que même de petites gens savent que "si le parquet instruit et poursuit, seul un tribunal condamne".
"Prétentions impérialistes" de Washington et Bruxelles
Du début à la fin du discours, le gouvernement attaque les pays occidentaux et leurs "ingérences avilissantes et inacceptables" dans les affaires d'État congolaises.
Le porte-parole a rappellé le refus de Joseph Kabila d'accepter "une véritable avalanche de prétentions impérialistes de la part de proconsuls autoproclamés qui, de Washington à Bruxelles" afin de "mettre littéralement le grappin sur notre pays".
Le gouvernement s'en prend également au milliardaire français Serge Dassault: "Il est permis de se poser la question de savoir au nom de quelle logique un grand industriel français, de surcroît député de l’opposition, Serge Dassault, peut faire l’objet de poursuites pénales en France pour fraude fiscale sans soulever une quelconque objection".
Une crise politique depuis 2011
Le Congo est sorti de deux guerres l'ayant dévasté entre 1997 et 2003 par une transition politique ayant consacré en 2006 le pouvoir de M. Kabila lors des premières élections libres organisées dans le pays depuis son indépendance en 1960.
La RDC est retombée dans la crise politique avec la réélection contestée de M. Kabila en novembre 2011, et sa partie orientale reste déchirée par la violence de conflits armés qu'elle subit depuis plus de vingt ans.
Alors que la majorité annonce clairement qu'il n'y aura pas de présidentielle cette année, faute de moyens, M. Kabila a appelé toutes les composantes politiques et sociales congolaises à un dialogue en vue d'"élections apaisées" mais retardées.
La majeure partie de l'opposition - dont M. Katumbi - accuse M. Kabila de chercher à violer l'interdiction constitutionnelle qui lui est faite de se représenter, et refuse de participer à ce dialogue.
Devant l'impasse qui semble se profiler, les bailleurs de fonds et les chancelleries qui soutiennent à bout de bras les efforts de redressement du pays s'inquiètent d'un retour au chaos.
Reprochant aux grands dirigeants de l'opposition de rejeter "toute recherche d'un compromis par le dialogue", M. Mende les a invités à "revenir à la raison avant qu'il ne soit trop tard pour (le) peuple" congolais.