Au Togo, l'un des fléaux qui hypothèque l'avenir des jeunes filles et maintient la femme de demain dans la pauvreté, est sans nul doute le mariage des enfants.
Adidjatou Pounpouni, chargée de projet de lutte contre les mariages précoces à la branche togolaise de Women in law and development in Africa (WILDAF Togo), nous explique les différences entre le mariage des enfants, le mariage précoce et le mariage forcé.
"Le mariage des enfants inclut une personne âgée de moins de 18 ans et qui a lieu sans le consentement de l'une ou des deux parties. Un mariage d'enfant est un mariage précoce. Il peut arriver que l'enfant lui-même décide d'aller en union ou en mariage. Mais là encore, il se pose un problème de consentement."
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Cette dame qui a requis l'anonymat a échappé à un mariage forcé pendant son adolescence.
"Ma maman m'a dit voilà le monsieur qu'on a trouvé pour toi. Il faut que tu acceptes. Et si tu n'acceptais pas, c'est mon mariage qui serait en jeu. Elle m'a menacé de quitter son foyer. J'étais en classe de 4ème, je lui ai dit de me laisser passer le BEPC (Brevet d'étude du premier cycle, Ndlr) l'année suivante qui va peut-être me permettre de passer les concours, et après on pourrait faire le mariage. Elle a dit d’accord, mais quand j'ai tourné le dos, ils ont célébré le mariage sans demandé mon avis".
Décidée, elle insiste pour ne pas se marier, et l’homme laisse finalement tomber le mariage.
Au Togo, le taux de prévalence du mariage des enfants est de 35%, avec des disparités régionales. Un phénomène qui n'a qu'une seule cause, estime Atsou Eklou, conseiller genre à Plan International Togo.
"Les croyances et les normes sociales constituent la cause fondamentale et la racine du mariage des enfants, et d’autres facteurs comme la pauvreté, la non-scolarisation des enfants, le non enregistrement des naissance et l'ignorance ou la non application de la loi. Le phénomène touche principalement les filles, car la société a des attentes sociales envers elles."
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Le mariage des enfants contribue énormément à la paupérisation de la gent féminine dans le pays. La pratique, loin d'être éradiquée, persiste à cause de certaines réalités, que nous explique Berte Tatey, présidente de l'ONG Alafia.
"Une personne plus âgée, qui veut se remarier parce que sa femme n'arrive plus à le satisfaire, prend sa fille de 14 ou 15 ans, va l'échanger et revient avec une jeune fille âgée de 14 à 17 ans. Les femmes crient vengeance parce qu'elles trouvent que le monsieur n'a pas été responsable par rapport à la survie de la famille, et maintenant la fille grandit et il va l'échanger. Donc le plus tôt, la femme aussi demande à un garçon d'épouser sa fille, prend 20.000 francs CFA, 50.000 voire 150.000, et en allant au marché, la fille est enlevée."
Pour arriver à faire reculer ce drame, le Togo doit mettre en application ses textes juridiques, car il est constaté que le pays dispose de bons textes en la matière mais qu'il a du mal à imposer la rigueur de la loi.
Kayi Lawson, correspondante à Lomé