En dehors des réticences engendrées par la peur des effets secondaires, certains y voient un moyen d'explosion de l'infidélité féminine.
Dans le village lacustre de Sô Ava, situé à quelques kilomètres de Cotonou, à 35 ans, les femmes ont généralement plus de huit enfants, au grand désarroi de la sage-femme de la localité qui avoue être impuissante devant la situation.
Notre correspondante à Cotonou, Ginette Fleure Adandé, nous en dit davantage à travers ce reportage:
L'hôpital de Sô Ava, un village lacustre situé à 45 minutes de route de Cotonou, est le seul centre médical de la zone. Cris de bébé, gémissements de femmes en attente d'accoucher nous accueillent. La sage-femme, visiblement débordée, fait de son mieux pour satisfaire les parturientes dont la tranche d'âge varie entre 15 et 45 ans. Eudoxie, 41 ans, est venue en consultation. Elle attend son 12ème enfant.
A la question de savoir les raisons pour lesquelles elle n'a pas pensé à se mettre sous une méthode contraceptive, elle se réfugie derrière la fureur de son mari pour expliquer sa situation.
Cette cité lacustre est habitée par des pêcheurs, des ménagères, vendeuses de poissons, donc peu ou pas du tout instruites.
Elles mesurent à peine les dangers de l'accouchement fréquent.
Blanche a atteint la soixantaine déjà et est maman de 15 enfants. Elle raconte avoir presque rendu l'âme au cours du dernier accouchement, il y a de cela dix ans. Mais pourquoi a-t-elle laissé les choses aller jusqu'à ce niveau?
"La peur d'être répudiée m'a poussée à connaître quinze accouchements les uns les plus difficiles que les autres", tranche-t-elle sans rien dire d’autres.
Il n'y a cependant pas que des femmes qui refusent d'adopter une méthode contraceptive. Certaines le veulent bien mais pas avant quatre ou cinq enfants.
Cela serait-il dû à un manque de sensibilisation? La sage-femme de la localité pense que le respect de la tradition et la peur de la polygamie empêchent les femmes de prendre leur destin en main et de dire non aux hommes qui les considèrent comme une machine à procréer, qu'importent les conséquences.
Mais pourquoi est-ce dans les milieux défavorisés que la procréation à outrance se fait le plus souvent? Le sociologue Pierre Badet y voit une propension des hommes à remplacer les enfants par les richesses qu'ils n'ont pas pu avoir.
Il faudra revenir sur la terre ferme avant de trouver un homme intéressé par le sujet parce qu’il faut en trouver qui soit instruit. Notre homme ici est le directeur de l'école primaire de la localité. Les autres y voient un piège, une façon de pousser leurs épouses dévouées à l'infidélité.
Les féministes et défenseurs des droits humains y voient une atteinte à la liberté de la femme à disposer de son corps comme elle le veut. Il est par ailleur important, dans un monde en proie à de profondes mutations où l'on parle de dividende démographique, que les enfants voient le jour en toute responsabilité.
Reportage de Ginette Fleure Adandé