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Le président des Comores annonce de problables élections anticipées pour 2019


Le président des Comores Azali Assoumani lors d'une cérémonie officielle, à Moroni, le 26 mai 2016.
Le président des Comores Azali Assoumani lors d'une cérémonie officielle, à Moroni, le 26 mai 2016.

Le président des Comores Azali Assoumani a jeté un pavé dans la mare en annonçant une réforme des institutions et une probable élection présidentielle anticipée dès 2019 qui lui permettrait de prolonger son mandat, suscitant la colère de ses adversaires.

Elu en 2016 pour cinq ans non renouvelables, M. Azali, un ancien putschiste, a dans un premier temps dévoilé samedi la tenue le 29 juillet d'un référendum constitutionnel qui pourrait, entre autres, supprimer la règle du mandat présidentiel unique.

"Je propose un processus de modification (de la Constitution) pour assurer la stabilité et le développement du pays", a-t-il déclaré lors d'une allocution radiotélévisée.

Dès le lendemain, il a profité d'une visite de terrain à Anjouan, une des trois îles de l'archipel de l'océan Indien dont il est originaire, pour évoquer la tenue d'élections anticipées.

"Le chef de l'Etat a indiqué que si le référendum sur les modifications constitutionnelles était approuvé, il y aurait une série d'élections et qu'il serait lui-même candidat", a confirmé lundi à l'AFP un de ses conseillers.

"Il n'y a pas de doute, il faut s'attendre à une nouvelle élection présidentielle", a-t-il ajouté sous couvert d'anonymat.

Une source proche du palais présidentiel de Beït-Salam a confirmé à l'AFP que ce scrutin aurait "probablement" lieu dès le premier trimestre de l'année prochaine.

Lors de son discours samedi soir, le chef de l'Etat n'a donné aucun détail sur la réforme institutionnelle qu'il envisageait. "Il s'agit d'ouvrir une nouvelle page de l'histoire de notre pays (...) et d'assurer un meilleur avenir à notre peuple", a-t-il déclaré.


Mais il a précisé qu'il souhaitait "mettre en oeuvre les recommandations des Assises nationales" qui se sont tenues à Moroni en février pour tirer le bilan des quarante-trois ans de l'indépendance de l'archipel de l'océan Indien.

Cette réunion avait prôné une "réforme profonde de l'Etat et des institutions" et la mise en place d'un régime "présidentiel".

"Un certain nombre de points de la Constitution devront être changés ou modifiés (...) la loi l'y autorise", a insisté lundi le conseiller diplomatique du président, Mohamed Ismaila, lors d'une conférence de presse.

Pour mettre un terme aux crises séparatistes et aux coups d'Etat, la Constitution de 2001 a instauré un système de présidence tournante entre les trois îles qui forment l'Union des Comores (Anjouan, Grande-Comore et Mohéli).

En 1999, le dernier putsch en date avait porté au pouvoir un certain colonel... Azali, qui avait alors justifié son intervention pour empêcher une guerre civile, alors que le pays traversait une crise sécessionniste (1997-2001).

Il était resté au pouvoir jusqu'en 2006 avant de le céder démocratiquement à Ahmed Abdallah Sambi. M. Azali a retrouvé la magistrature suprême en 2016, selon les termes de la nouvelle Constitution, au terme d'un scrutin chaotique et contesté.

Les Assises du début de l'année ont proposé de maintenir le système de la présidence tournante mais d'autoriser le "renouvellement du mandat présidentiel une seule fois".

L'opposition a vivement dénoncé lundi les réformes envisagées par le président, dont elle dénonce la dérive autoritaire.

"Il s'agit d'un coup d'Etat constitutionnel", a déploré Youssouf Boina, le secrétaire général de l'Union pour le développement des Comores (UPDC). "Azali vient de mettre en place une machine de guerre pour ses ambitions personnelles", a déploré son homologue du parti Juwa, Ahmed el-Barwane.

>> Lire aussi : Suspension de la Cour constitutionnelle aux Comores

Candidat malheureux à la présidentielle de 2016, Mohamed Wadaane a qualifié M. Azali de "président revanchard qui vient de prononcer un discours guerrier contre ses opposants, un discours teinté de mépris des institutions".

Mi-avril, l'opposition avait déjà critiqué sa décision de suspendre la plus haute juridiction du pays, la Cour constitutionnelle, en raison d'un "nombre incomplet de juges".


Ancienne colonie française, les Comores, composées de quatre îles (Grande-Comore, Anjouan, Mohéli et Mayotte), ont proclamé leur indépendance de Paris en 1975, mais Mayotte a décidé de rester dans le giron de la France et est devenu un département.

Moroni revendique depuis la souveraineté sur l'île française.

Les tensions sont régulières entre Moroni et Paris, en raison d'une forte immigration clandestine en provenance des Comores à destination de Mayotte, distante d'à peine 80 km.

Avec AFP

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