Liens d'accessibilité

Dernières nouvelles

Le président Macron met la barre très haut pour régler la crise des migrants


Plus de campements de rue dès l'an prochain, des demandes d'asile examinées directement en Afrique: le président français Emmanuel Macron a exposé jeudi une politique ambitieuse pour régler la crise des migrants, mais son projet de centres d'examen en Libye dépend d'une sécurisation de la zone

"D'ici (à) la fin de l'année, je ne veux plus personne dans les rues, dans les bois", a lancé le chef de l'État élu le 7 mai, lors de la visite d'un centre d'hébergement dans le centre du pays, en prônant un logement pour "tout le monde", des simplifications administratives et des procédures de reconduite aux frontières plus efficaces.

Emmanuel Macron a aussi annoncé devant des journalistes vouloir envoyer "dès cet été" en Libye des missions de l'Office français pour la protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), pour examiner sur place les demandes d'asile, un projet précisé dans la soirée par la présidence.

"Nous avons identifié une zone, qui est le sud libyen, le nord du Niger et le nord du Tchad où il y a une accumulation progressive de migrants, car c'est l'une des seules voies ouvertes. Si on veut traiter le problème en amont, c'est dans ces zones-là" qu'il faut implanter des centres de l'Ofpra, a expliqué l'Élysée.

A l'intérieur de la Libye, "ce n'est pas possible aujourd'hui" pour des raisons de sécurité, mais "ce peut être le cas à courte échéance" et une mission de l'Ofpra ira sur place "dès fin août" pour en examiner la faisabilité, a-t-on ajouté.

Les personnes acceptées devraient voir leur voyage facilité, tandis que les personnes non éligibles seraient dissuadées de poursuivre un dangereux périple.

"L'idée est d'ouvrir des hotspots en Libye afin d'éviter aux gens de prendre des risques fous alors qu'ils ne sont pas tous éligibles à l'asile", avait dit M. Macron un peu plus tôt, devant des familles de réfugiés et des journalistes.

Berlin a accueilli les déclarations du président Macron avec prudence. "Le gouvernement allemand s'engage avec l'Union européenne et ses pays membres, notamment la France et l'Italie, afin d'endiguer l'immigration illégale" via la Méditerranée, a indiqué dans un communiqué un porte-parole.

"La proposition récente du président français, qui fait de la Libye le principal pays de transit pour l'immigration illégale, sert également cet objectif. Le gouvernement allemand va examiner en détail cette proposition", a-t-il ajouté.

"La France et l'UE ont une approche commune en Libye (...) pour aider les migrants clandestins qui s'y retrouvent coincés à retourner volontairement chez eux et ouvrir des chemins sûrs et légaux vers l'Europe pour ceux ayant besoin de protection internationale", a de son côté déclaré le Commissaire européen à la migration, Dimitris Avramopoulos.

- 'Hébergements d'urgence' -

Judith Sunderland, spécialiste des questions migratoires à Human Rights Watch (HRW), a, elle, souligné que "l'idée d'établir des centres d'examen (hotspots) en Libye ou dans d'autres pays hors Europe n'(était) pas nouvelle".

"Mais elle porte en germe beaucoup de risques pour les droits et la dignité des personnes concernées", a-t-elle aussi averti lors d'un entretien avec l'AFP, rappelant que la Libye est une zone de conflit, dont le gouvernement ne contrôle qu'une partie du territoire.

Au plan national, le président Macron a dit vouloir "partout des hébergements d'urgence", jugeant que le traitement des migrants aux premiers mois de leur arrivée est pour l'instant "indigne".

Il souhaite "dès la première minute, un traitement administratif qui permette de déterminer si on peut aller vers une demande d'asile ou non, et derrière une vraie politique de reconduite aux frontières".

Cette promesse intervient alors que plus de 800 personnes se sont réinstallées dans la rue près d'un centre humanitaire pour migrants du nord de Paris, trois semaines après l'évacuation de près de 3.000 personnes au même endroit, selon France terre d'asile.

En 2016, 85.000 personnes ont déposé des demandes d'asile, et leur nombre devrait augmenter de 15% cette année. Sur ce total environ 40% l'ont obtenu, soit quelque 36.000 personnes.

Avec AFP

XS
SM
MD
LG