Dans un communiqué publié dimanche, Amnesty International se félicite de la phase finale d'années de recherches et de procès.
Gaëtan Mootoo, chercheur sur l'Afrique de l'Ouest à Amnesty International, a expliqué que "le procès d'Hissène Habré en 2016 fut l’aboutissement d'une bataille acharnée menée par des milliers de victimes et leurs proches afin d'obtenir justice pour les crimes de droit international commis au Tchad entre 1982 et 1990. Il a fait naître l'espoir chez d'autres citoyens dans le monde qu'il est possible de mettre fin à l'impunité même lorsqu'elle est très ancrée".
Hissène Habré a été déclaré coupable par les Chambres africaines extraordinaires à Dakar, au Sénégal, le 30 mai 2016, et condamné à la réclusion à perpétuité.
Selon Amnesty International, c'est la première fois que la compétence universelle a abouti à un procès sur le continent et qu'un ancien chef d'État a été condamné par une cour africaine pour des crimes contre l'humanité.
Entre autres éléments de preuve, l'accusation s'est appuyée sur des recherches menées par Amnesty International dans les années 1980. Un ancien employé d'Amnesty International a également témoigné durant le procès en tant qu’expert.
Les avocats d'Hissène Habré font appel du jugement sur la base de ce qu'ils considèrent comme des erreurs de fait et de droit. Le tribunal examinera également un appel concernant les réparations accordées aux victimes le 29 juillet 2016, car les parties civiles affirment que des erreurs ont été commises au moment d'établir les critères d'éligibilité et de mettre en place des mesures garantissant la mise en œuvre effective et équitable des réparations.
Si la décision en matière de réparations est confirmée en appel, Amnesty International exhorte les Chambres africaines extraordinaires, l'Union africaine, le gouvernement du Tchad et la communauté internationale à garantir que des ressources suffisantes soient mobilisées et allouées à un Fonds de dépôt sur lequel les réparations pourront être prélevées rapidement et efficacement.
Le jugement en appel doit être rendu le 30 avril 2017 au plus tard, date à laquelle prend fin le mandat des Chambres africaines extraordinaires.