Le représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations unies en RDC, David Gresley, est arrivé à Lubumbashi à 9 heures mercredi matin, accompagné du chef de bureau Ndirane.
David Gresley a donné une conférence de presse sur le coup des 11 heures.
Dans un même temps, la police congolaise a dispersé mercredi matin plusieurs milliers de partisans de l'opposant congolais Moïse Katumbi rassemblés autour et à l'intérieur du palais de justice de Lubumbashi, dans le sud-est de la République démocratique du Congo, selon un journaliste de l'AFP sur place.
Peu avant 11h00 (09h00 GMT), la foule a forcé les barrages de police pour occuper le bâtiment où devait avoir lieu l'audition.
A l'intérieur du palais, la police a utilisé des matraques électriques pour disperser la foule. Puis, elle a lancé des grenades lacrymogènes sur la foule qui s'est regroupée à bonne distance, en scandant des slogans de soutien à M. Katumbi.
Le calme revenu, M. Katumbi, tout de blanc vêtu avec une écharpe aux couleurs du drapeau de la RDC, est entré dans la salle d'audience peu après 11H20 (09H20 GMT). Son audition, à huis clos, a commencé un quart d'heure plus tard.
Lundi, il avait écrit sur twitter pour remercier les manifestants :
Les magistrats chargés de l'entendre se concertaient encore pendant que la police chargeait les partisans venus bien plus nombreux que lundi, pour la première audition de M. Katumbi.
"Mensonges grotesques"
Les autorités congolaises ont annoncé le 4 mai l'ouverture d'une enquête contre M. Katumbi après l'arrestation de quatre de ses gardes du corps, parmi lesquels un Américain.
M. Katumbi, a qualifié de "mensonges grotesques" les accusations de "recrutement de mercenaires" portées contre lui et a dénoncé une instrumentalisation de la justice destinée à lui "nuire" et à le mettre hors-jeu politiquement.
Mardi, un célèbre avocat pénaliste français, Éric Dupond-Moretti, a annoncé avoir rejoint l'équipe de défense de M. Katumbi. De France, Me Dupond-Moretti, doit "aider à faire pression pour internationaliser la procédure" et assurer "une surveillance du bon déroulement" de celle-ci, selon le bureau de M. Katumbi.
"Ils veulent tuer Moïse"
A 300 mètres du bâtiment, un important dispositif sécuritaire contenait des partisans de M. Katumbi survoltés. "Ils veulent tuer Moïse, même dans notre sommeil, nous ne pensons qu'à Moïse", ont-ils chanté en lingala, une des grandes langues véhiculaires de la RDC.
Parmi la foule, de nombreuses personnes assuraient être venues pour assurer la sécurité de leur champion, alors que la rumeur de son arrestation imminente court depuis plus de 48 heures.
Arrivé à bord d'un bus, M. Katumbi, ex-allié de poids du président congolais Joseph Kabila, est entré dans le palais accompagné de son épouse, de plusieurs membres de sa famille et d'un cortège d'avocats.
Quelques responsables du G7, coalition réunissant sept partis ayant quitté eux aussi la majorité en septembre, et de l'Alternance pour la République (AR), étaient là.
Ces deux plateformes soutiennent la candidature de M. Katumbi à la présidentielle pour laquelle aucune date n'est encore fixée.
Le climat politique est très tendu depuis des mois en RDC en raison de l'incertitude liée au très probable report de cette élection.
En démissionnant en septembre de ses fonctions de gouverneur du Katanga (région grande comme l'Espagne qui a depuis été éclatée en quatre nouvelles provinces), M. Katumbi avait annoncé également qu'il quittait le parti du président Kabila en accusant celui-ci de chercher à s'accrocher au pouvoir.
Richissime homme d'affaires propriétaire du célèbre club de football Tout Puissant Mazembe de Lubumbashi, M. Katumbi est populaire bien au-delà du seul Katanga.
Aux termes de la Constitution, M. Kabila, au pouvoir depuis 2001, et dont le mandat se termine en décembre, n'a pas le droit de se représenter.