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Le retour prévu de l'armée suscite l'espoir à Bangassou en Centrafrique


Des civils applaudissent un soldat centrafricain du premier bataillon des Forces armées centrafricaines (FACA) à Obo, dans l'est du pays, le 18 février 2018.
Des civils applaudissent un soldat centrafricain du premier bataillon des Forces armées centrafricaines (FACA) à Obo, dans l'est du pays, le 18 février 2018.

Le marché central de Bangassou (sud-est de la Centrafrique), entouré de vieilles maisons coloniales, est fermé depuis un an, mais le retour prévu de l'armée centrafricaine dans la ville suscite l'espoir d'une reprise rapide des activités.

"Si les Faca (Forces armées centrafricaines) arrivent, le marché va rouvrir, les choses vont s'améliorer", s'enthousiasme Victorien, un commerçant qui attend avec impatience ce retour prévu d'ici quelques semaines.

Depuis plus d'un an, Bangassou est régulièrement secouée par des vagues de violences qui paralysent l'activité économique.

Tour à tour, le président centrafricain Faustin Archange Touadéra, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres et son représentant à Bangui y sont venus apporter messages de solidarité et de paix.

L'arrivée des Faca "permettra de réduire les problèmes d'insécurité que nous avons à Bangassou", affirme Parfait Onanga-Anyanga, chef de la Mission de l'ONU en Centrafrique (Minusca), venu à Bangassou début juin pour préparer le retour des soldats.

En mai 2017, un groupe armé antibalaka avait attaqué la ville, faisant 76 morts selon l'ONU. Bangassou vit depuis sous leur coupe, au rythme des violences, des caprices de la soldatesque et des rivalités entre chefs.

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Seule force d'interposition présente, la Minusca tente de protéger quelque 1.500 déplacés musulmans reclus dans un séminaire catholique.

Ils sont menacés en permanence par les antibalaka, qui les accusent de connivence avec les groupes armés à dominante musulmane de l'ex-rébellion de la Seleka.

- Impunité -

"Si les Faca reviennent, nous sommes prêts à nous retirer", affirme Yvon Walaka, porte-parole des antibalaka du Mbomou, la région de Bangassou.

Pour lui, le désarmement de son groupe dépend cependant du retour de la justice, qui peine à fonctionner faute de magistrats qui ont fui depuis longtemps les violences dans la région.

"Quand l'armée va arriver, les fonctionnaires ne pourront plus prétexter la situation sécuritaire pour rester à Bangui", veut croire Auguste Sillo, préfet de la ville.

Ce retour de la justice et de l'armée est vu par tous comme la seule solution au rétablissement de la paix.

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En attendant, l'impunité règne à Bangassou où l'abbé Junior note que "chaque fois que la situation se calme, il suffit d'un acte de criminalité pour que les tensions reviennent".

Ce que réfute Yvon Walaka. "Nous avons chassé les éléments incontrôlés de notre mouvement" dit-il, citant tour à tour les "Bérébéré", "Pinopino", "Romaric", "Ngade", petits chefs de milices tous cités dans des massacres commis dans la région de Bangassou.

"Les gens du petit séminaire doivent faire de même", martèle-t-il, réclamant l'arrestation de 31 déplacés musulmans, coupables selon lui de pillages et d'agressions.

Porteur d'espoir, le redéploiement des Faca à Bangassou se heurte toutefois à de multiples obstacles: partis de Bangui à 800 km de là par une piste en très mauvais état, les soldats centrafricains se sont fait attaquer dans les faubourgs de Bambari (centre) par des membres d'un groupe armé pro-peul, l'Union pour la paix en Centrafrique (UPC).

- Histoire "tumultueuse" -

Accompagnés de patrouilles de la Minusca et d'instructeurs russes, ils doivent encore traverser de vastes zones présumées contrôlées par l'UPC.

Autre obstacle, à Bangassou, les déplacés musulmans du séminaire catholique sont inquiets de voir arriver des soldats souvent accusés de collusion avec les antibalaka.

"Cela ne nous donne pas vraiment pleine confiance", estime l'un de ces déplacés en affirmant que "certains gendarmes" déployés fin 2017 avaient "déjà participé à des attaques du séminaire aux côtés des antibalaka".

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"Je comprends les craintes d'une partie de la population, compte tenu de l'histoire un peu tumultueuse" des Faca, a reconnu le patron de la Minusca. Mais M. Onanga-Anyanga affirme qu'il s'agit maintenant de "nouveaux" soldats qui "sont plus conscients de leur responsabilité républicaine".

Les quelques 3.000 soldats de l'armée centrafricaine sont formés depuis 2016 par l'Union européenne et, plus récemment, par des Russes.

Depuis la fin de l'entrainement du premier bataillon en 2017, certains d'entre eux ont déjà été déployés à Paoua (nord-ouest), à Obo (extrême sud-est), et à Sibut (centre).

Depuis son élection, l'objectif principal du président Touadéra est leur redéploiement, seul moyen selon lui de rétablir un Etat de droit qui peine à s'implanter une fois sorti de Bangui et ses environs.

A Bangassou, leur arrivée sera une fois de plus un test de leur efficacité. Mais, outre leur redéploiement, le préfet de la ville espère un sursaut civique pour un retour au calme: "Les Faca ne vont pas être la panacée à tous les problèmes, la population a aussi son rôle à jouer".

Avec AFP

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