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Le succès des cocottes produites localement au Cameroun


Trois jeunes à côté de leur atelier de fabrication des cocottes en aluminium à Yaoundé, le 16 novembre 2017. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
Trois jeunes à côté de leur atelier de fabrication des cocottes en aluminium à Yaoundé, le 16 novembre 2017. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

Au Cameroun, des cocottes de fabrication artisanale à base d'aluminium connaissent un succès croissant dans la capitale. L'activité nourrit de nombreuses familles, et cet ustensile est apprécié de tous. Les commandes fusent de toutes parts.

Sur un site marécageux au quartier Mokolo, à Yaoundé, des centaines de personnes s'activent au quotidien, pour la fabrication de cocottes. Elles sont visibles au marché Mokolo, l'un des marchés les fréquentés de la capitale.

Ces cocottes ont la particularité d'avoir été fabriquées localement et à base d'aluminium, avec parfois quelques touches de fantaisie des fabricants ingénieux, à l'instar "de la cocottes à pieds", que certaines belles-familles exigent de leur beau-fils, lors des cérémonies de dot.

Une chose est évidente: les acheteurs des cocottes faites au Cameroun ne manquent pas, et les cuisiniers et les cuisinières en raffolent.

Même les plus âgées, gardent de bons souvenirs culinaires de cette marmite.
"La cocotte ne casse pas vite et elle cuit aussi bien la nourriture. Elle me permet de préparer aisément les mets traditionnels ", témoigne Hélène, une sexagénaire.

Un entrepôt de cocottes en aluminium fabriquées au quartier Mokolo à Yaoundé, le 16 novembre 2017. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
Un entrepôt de cocottes en aluminium fabriquées au quartier Mokolo à Yaoundé, le 16 novembre 2017. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)


La cocotte au bout d'un site marécageux

Mais combien de personnes connaissent les secrets de fabrication de cet ustensile de cuisine tant prisé ?

Pour en percer les mystères, il faut se rendre au lieu dit "Mokolo Elobi" à Yaoundé.

De part et d’autre, d’une allée répugnante, sur un site marécageux, sont implantés les ateliers en planches de cocottes en aluminium, qui ne paient pas de mine.

Depuis sept ans, Gervais Romuald et son équipe travaillent six jours sur sept, excepté le dimanche. C'est sur le tas que Gervais s'est fait former.

"Pour fabriquer une cocotte, il faut acheter des vieilles tôles, des carcasses de moteurs de véhicules, d'appareils électroménagers en aluminium ", dit Romuald, la vingtaine révolue.

Un sac d'objets d'aluminium est vendu par kilogramme à 500 francs CFA, précise-t-il. Le charbon entre aussi parmi les matériaux de fabrication des cocottes. "Il nous est plus cher, 5 500 francs, le sac", se lamente le jeune homme.

"Dès que le feu est allumé dans un pot, on fait fondre les objets en aluminium, jusqu'à obtenir un liquide fin de couleur rougeâtre", a expliqué Romuald à VOA Afrique.

Un pot en terre cuite pour faire fondre l'aluminium à Yaoundé, le 16 novembre 2017. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
Un pot en terre cuite pour faire fondre l'aluminium à Yaoundé, le 16 novembre 2017. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

La suite se déroule à l’intérieur de son atelier. Des moules à cocottes sont éparpillées à même le sol, à côté des tas de terre récoltés dans un fleuve situé à Mbalmayo, localité située à 20 minutes de route environs de Yaoundé.

Cette terre est mélangée à de la poussière. Le tout versé dans un cadre en planche, selon le modèle de couvercles et marmites en fabrication.

Le matériel de fabrication est quasi rudimentaire, comme celui que présente Romuald qui travaille sans gants de protection, pieds nus ou parfois avec des babouches.

Lorsque la cocotte est sortie des cadres, la prochaine étape se déroule non loin de son atelier pour les finitions : limer et lisser la cocotte.

Deux jeunes spécialisés dans les travaux des finitions des cocottes à Yaoundé, le 16 novembre 2017. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
Deux jeunes spécialisés dans les travaux des finitions des cocottes à Yaoundé, le 16 novembre 2017. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)


La tache se fait manuellement, mais nourrit quand même son petit nombre. Au point d'occuper, Steve, un jeune étudiant camerounais.

"Je viens chaque samedi limer les cocottes selon les commandes reçues. J'aime ce métier, c'est notre fabrication locale", soutient-il.

Chaque atelier produit au quotidien entre 30 à 40 cocottes en aluminium. Elles sont vendues localement, mais aussi au Gabon, pays voisin du Cameroun.

Célestin Menye, chef cuisinier d'un hôtel à Yaoundé, apprécie la qualité des cocottes camerounaises, le 16 novembre 2017. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
Célestin Menye, chef cuisinier d'un hôtel à Yaoundé, apprécie la qualité des cocottes camerounaises, le 16 novembre 2017. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)



Les bonnes affaires autour des cocottes

L' ustensile trouve sa place même dans les cuisines des hôtels à Yaoundé.

"Elles sont utiles pour notre cuisine à l'hôtel. Elles conservent bien la nourriture. Elles étouffent bien la nourriture et les condensent facilement. On peut retirer les sucs sans avoir des brûlures", explique le chef cuisinier Menye.

Toutefois, "il faut toujours bien laver les cocottes surtout après une première utilisation.

Elles présentent souvent en fin de cuisson et en début de réchauffage, quelques saletés", avertit le chef cuisinier. Il y a néanmoins des produits appropriés pour les nettoyer ", rassure-t-il.

Au sortir des ateliers de fabrication des cocottes en aluminium, les plus petites sont vendues à 1000 francs CFA et les plus grandes à 200 000 francs CFA.

Les maisons d'arrêt, les centres de formations des forces de défense ou d'instruction de la police, passent les commandes les plus coûteuses.

L'histoire raconte que ce sont les Maliens qui ont implanté cette activité sur ce site marécageux de Mokolo. Moins nombreux aujourd'hui dans les affaires, les Camerounais ont repris l'art de fabrication artisanale des cocottes en aluminium de fort belle manière.

Emmanuel Jules Ntap, correspondant à Yaoundé

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