Le "ticket" démocrate Clinton-Kaine se présentera pour son premier meeting commun à midi (16H00 GMT) à Miami, dans le sud-est des Etats-Unis, à deux jours de l'ouverture de la convention à Philadelphie qui doit officialiser l'investiture de l'ancienne Première dame pour représenter son parti le 8 novembre.
Le choix de Timothy Michael Kaine comme potentiel vice-président américain, annoncé vendredi soir, est stratégique à bien des égards.
Ce politicien expérimenté, qui s'avoue volontiers "ennuyeux" et classé au centre-gauche de l'échiquier politique, devrait aider l'ancienne secrétaire d'Etat à déverrouiller certaines portes.
En premier lieu, le sénateur et ancien gouverneur de Virginie est un sérieux atout dans cet Etat pivot qui peut basculer côté démocrate ou côté républicain lors de la présidentielle. Son influence et sa réputation y sont très solides.
Déjà en 2008, alors qu'il était pressenti comme colistier du candidat Barack Obama, Tim Kaine avait aidé à faire basculer la Virginie dans le camp démocrate, une première depuis 1964.
"Tim (Kaine) est un bon gars. Il est un vrai progressiste. Et il va faire un super vice-président", a d'ailleurs réagi Barack Obama samedi.
Etre président, a-t-il expliqué, "c'est aussi savoir s'entourer des meilleures personnes possible". "Il y a deux chemins que vous pouvez prendre. Vous pouvez choisir quelqu'un pour des raisons purement électorales, ou vous pouvez choisir quelqu'un qui sera votre partenaire pour gouverner. Quelqu'un qui partage vos valeurs", a-t-il ajouté.
Pas faire lever les foules
Avocat de formation, après des études de droit à Harvard, le sénateur Kaine manie parfaitement l'espagnol, un atout décisif dans la conquête de l'électorat hispanique, première minorité des Etats-Unis.
Tim Kaine s'en servira peut-être dès sa première apparition samedi au côté d'Hillary Clinton, dans une Floride très hispanisante.
Il ne devrait pour autant pas faire lever les foules. Tim Kaine, choix attendu de l'ancienne Première dame, n'a pas été nommé pour ses qualités d'orateur.
"Kaine est un sénateur discret mais impressionnant", estime Larry Sabato, politologue de l'université de Virginie. "Il ne va probablement pas aspirer les foules vers l'équipe Clinton, mais il ne va pas en chasser non plus", ajoute-t-il, soulignant les qualités d'un homme politique connu pour son sens du consensus et dont le choix semblait inévitable.
"Si quelqu'un nous avait dit au début de ce cycle électoral que la candidate démocrate serait Hillary Clinton et qu'elle choisirait le sénateur Tim Kaine comme colistier, nous aurions dit que c'est... très, très plausible", résume Larry Sabato.
Pour David Axelrod, ancien stratège de Barack Obama, l'expérience d'Hillary Clinton à la Maison Blanche, que ce soit comme Première dame ou pour avoir piloté la diplomatie américaine, fait qu'"elle comprend combien la dynamique entre un président et un vice-président est importante".
"Et je ne pense pas qu'elle veuille monter en selle avec quelqu'un qui pourrait être utile pendant les quatre prochains mois et inutile pour les quatre ou huit prochaines années", a-t-il jugé, insistant sur la cohérence de son choix et sur l'expérience de Tim Kaine notamment en matière de politique étrangère.
Au-delà du cercle politique à proprement parler, plusieurs groupes proches des démocrates, dont des syndicats ou des organisations de planning familial comme le Planned Parenthood, ont apporté leur soutien au colistier Kaine.
Le chef du parti républicain, Reince Priebus, a lui dénoncé un choix qui "ne fait rien pour unifier une base démocrate fracturée", sans pour autant s'en prendre directement à Tim Kaine, épargné même à droite.
"Vous ne pouvez simplement trouver personne avec quelque chose de mal à dire sur lui, que ce soit dans les équipes qui ont travaillé pour lui ou chez les républicains", a souligné avec malice le président Obama.
Une réputation immaculée qui va être mise à l'épreuve dès samedi midi.
Avec AFP