Ce scrutin indirect dans les dix régions camerounaises doit permettre la mise en place de conseils régionaux prévus dans la constitution de 1996 pour promouvoir la décentralisation mais jamais élus jusqu'à aujourd'hui.
Ces conseils, dans les deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, devraient aussi être dotés d'un statut spécial promis en octobre 2019 par M. Biya, à l'issue d'un dialogue national pour tenter de mettre fin aux combats entre séparatistes et forces de sécurité.
"Les collèges électoraux, sont convoqués (...) le dimanche 6 décembre 2020, à l’effet de procéder à l’élection des conseillers régionaux", lit-on dans un décret présidentiel de M. Biya émis lundi.
Les grands électeurs devront élire 90 conseillers régionaux, dont 20 représentants des chefferies traditionnelles. Les conseils régionaux sont dotés de pouvoirs limités dans les domaines non régaliens comme l'équipement, l'aménagement du territoire, la culture.
Les deux principaux partis de l'opposition avaient prévenu, bien avant l'annonce de lundi, qu'ils boycotteraient les régionales notamment tant que le conflit sanglant dans les deux régions abritant l'essentiel de la minorité anglophone camerounaise ne serait pas réglé.
Dans ces zones, des groupes armés anglophones réclamant l'indépendance combattent les forces de sécurité déployées massivement par le régime de M. Biya, dominé par la majorité francophone. L'ONU, les ONG internationales et certains Etats occidentaux dénoncent régulièrement des crimes commis contre les civils par les deux camps.
"Nous ne participerons pas aux élections régionales prévues dans les schémas actuels", avait prévenu le 2 septembre John Fru Ndi, président du Social Democratic Front (SDF), l'un des deux principaux partis de l'opposition qui exige notamment au préalable "un cessez-le-feu" en zone anglophone.
Maurice Kamto, principal opposant à M. Biya à la tête du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), avait appelé, lui, le 23 août, à la "résistance pacifique résolue du peuple camerounais contre la forfaiture électorale en préparation et au départ pur et simple de Monsieur Paul Biya".
"Aucun écart de comportement ne sera toléré", a prévenu lundi soir le ministre de l'Administration territoriale, Paul Atanga Nji, promettant que la sécurité du scrutin serait assurée.
M. Biya, 87 ans ets au pouvoir sans partage depuis près de 38 ans