Les données recueillies dans les quelque 120.000 bureaux de vote des 36 Etats devaient être lentement centralisés vers la capitale Abuja, où le président de la Commission électorale Mahmood Yakubu devrait annoncer des résultats dans quelques jours.
"Bonjour chers Nigérians et merci encore d'avoir voté pour le président Buhari hier", écrivait sur Twitter son conseiller en communication Bashir Ahmad, du Congrès des Progressistes (APC). "Les résultats arrivent un à un et ils sont époustouflants. Le président a remporté la majorité et #BuhariIsWinning! (Buhari est en train de gagner)".
De son côté, le Parti Populaire Démocratique (PDP) demande "à la Commission Électorale Indépendante (INEC) d'annoncer les résultats tels qu'ils ont été livrés par les bureaux de vote, et de déclarer le candidat du peuple, Atiku Abubakar, le vainqueur de l'élection présidentielle".
"Notre position est basée sur des résultats clairs et vérifiables", a assuré son équipe dans un communiqué.
Défi colossal
Pour être élu dès le premier tour, le vainqueur doit obtenir, outre la majorité des suffrages exprimés, au moins 25% des voix dans les deux tiers des 36 Etats de la fédération auxquels s'ajoute le territoire de la capitale fédérale, Abuja. Sinon un second tour devrait avoir lieu dans une semaine.
Outre leur président, les Nigérians étaient appelés à désigner 360 députés et 109 sénateurs.
Bien que les opérations n'aient pas du se dérouler dans environ 8.500 bureaux de vote (sur 120.000), l'INEC s'est déclarée "généralement satisfaite" du déroulement du scrutin, dans ce pays de 190.000 millions d'habitants, aux infrastructures défaillantes et à la corruption généralisée, où organiser un tel scrutin est un défi colossal.
Mais ce sentiment n'était pas partagé par les observateurs de la société civile, qui se sont dits "déçus" par les manquements logistiques de l'organisation du vote.
Seize personnes ont été tuées dans des violences directement liées au vote, notamment dans le sud-est (Etat de Rivers), où les gangs criminels ont tenté de décourager les électeurs de se rendre aux urnes.
Entre octobre et le jour du scrutin, les violences électorales avaient déjà fait 233 morts, selon le cabinet de surveillance SBM Intelligence.
Retards d'ouvertures des bureaux de votes, problèmes avec les lecteurs de cartes électroniques, achats de voix, bureaux de vote saccagés ou brûlés... "les rapports qui nous sont parvenus des quatre coins du pays indique un nombre inquiétant de problèmes (dans les bureaux de vote, ndlr) qui méritent l'attention de l'INEC", note Situation Room, groupe de surveillance électorale de la société civile.
Détérioration
Idayat Hassan, directrice du Centre pour la Démocratie et le Développement (CDD) à Abuja était encore plus sévère, statuant que ces élections générales "n'avaient pas rempli les conditions nécessaires d'un vote libre, crédible et transparent".
La Commission électorale avait décidé d'un report d'une semaine des opérations électorales initialement prévues le 16 février, pour des raisons logistiques.
Ce report, annoncé quelques heures à peine avant l'ouverture des bureaux de vote, a marqué un tournant clair dans la campagne, les deux camps s'accusant mutuellement d'avoir "saboté" le vote à des fins électorales et d'avoir organisé des fraudes massives.
En 2015, le président sortant Goodluck Jonathan avait accepté sa défaite aussitôt les résultats officiels proclamés par le Commission, laissant place pour la première fois au candidat de l'opposition Muhammadu Buhari, élu sur la promesse de lutter contre la corruption endémique et le groupe jihadiste Boko Haram.
Le vainqueur de ce nouveau scrutin aura la lourde tâche de redynamiser une économie en berne et sécuriser de nombreuses régions du pays, en proie aux groupes armés ou gangs criminels, notamment dans le nord-est ravagé depuis dix ans par les opérations du groupe islamiste Boko Haram.