La Forge Fils Bazeye, porte-parole des FDLR, indique que ces privations auxquelles les ex-combattants FDRL sont soumis visent à les "forcer" à retourner au Rwanda.
Selon la Mission de l'ONU (Monusco), 193 ex-rebelles des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et 601 de leurs proches sont réunis à Kisangani, capitale de la Province-Orientale, dans un camp géré par l'État congolais, avec l'appui de la Monusco (nourriture, médicaments, logistique, carburant).
"Les cantonnés sont régulièrement affamés et privés de médicaments. (...) C'est une façon de les forcer à rentrer au Rwanda", a affirmé à l'AFP La Forge Fils Bazeye, porte-parole des FDLR, dont des chefs sont accusés d'avoir participé au génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda.
"On a passé presque une semaine sans manger. Les enfants ont faim, les femmes allaitantes n'ont pas de lait maternel (...) Presque tout le monde est au lit à cause de la faim", a raconté à l'AFP Immaculée, femme d'un ex-combattant, signalant des cas graves de malnutrition.
Kinshasa cherche ainsi à "nous renvoyer au Rwanda par force", a conclu Immaculée, qui vit depuis 20 ans dans l'est congolais. "Nous voulons bien partir au Rwanda mais il n'y a pas la paix. Il faut que les autorités [congolaises] se rassemblent pour discuter avec le gouvernement rwandais", a-t-elle plaidé.
Un haut responsable spécialiste des questions militaires rapporte que des ex-combattants "commencent à quitter le camp" pour exercer à Kisangani "des prestations rémunérées comme la maçonnerie, la menuiserie, la soudure", et que "d'autres demandent à manger à la population".
L'Association congolaise pour le respect des droits humains (ACRDH), basée à Kisangani, a rencontré un ex-combattant qui a recensé "trois morts depuis juillet" suite aux mauvaises conditions de vie. Immaculée a pour sa part évoqué un mort récent.
Cette situation "dramatique" résulte du "détournement" des vivres et médicaments par les "responsables commis au dispatch (la distribution)", a déclaré à l'AFP Junior Safari, directeur exécutif de l'ACRDH.
"Il s'est avéré que ces biens (...) sont vendus à vil prix à la cité et auprès des quelques pharmacies et centres de santé (...) de Kisangani" et de localités à plusieurs dizaines de kilomètres de là, a-t-il assuré.
Un officier a indiqué que l'armée, informée des allégations persistantes de détournement, prévoit d'enquêter.
Les rebelles des FDLR sont actifs dans l'est congolais, où ils sont accusés de meurtres, viols, pillages, enrôlement d'enfants... et de se livrer à un juteux trafic d'or et de charbon.
En avril 2014, ils ont annoncé leur volonté de faire reddition pour "se consacrer à la lutte politique" au Rwanda, qui refuse tout dialogue avec eux. Au final, quelques centaines de combattants se sont rendus et une partie d'entre eux transite à Kisangani avant un départ pour le Rwanda ou un pays tiers.
En janvier, l'armée a lancé une opération contre les FDLR. Le gouvernement estime qu'il reste "moins de 400" FDLR à neutraliser, sur environ 1.500 combattants actifs avant l'offensive. La Monusco, elle, évoque le chiffre d'un millier.
En octobre 2014, Human Rights Watch avait accusé Kinshasa, qui avait démenti, de négligence "criminelle", lui reprochant la mort d'une centaine de" personnes - dont 57 enfants - dans un camp militaire du nord-ouest de la RDC accueillant des rebelles démobilisés.