L'étude porte sur quatorze anciens footballeurs (dont 13 professionnels) atteints de démence et hospitalisés à Swansea (Pays de Galles) entre 1980 à 2010.
Sur les six autopsies effectuées par l'University College London Hospital et l'Hopital national britannique de neurologie et neuro-chirurgie, quatre ont révélé des signes d'encéphalopathie traumatique chronique (ETC). Cette affection cérébrale a déjà été observée chez d'anciens footballeurs américains et d'anciens boxeurs ayant reçu de nombreux coups à la tête pendant leur carrière.
"Nos résultats montrent un lien potentiel entre la pratique du football et l'ETC", a expliqué à l'AFP le principal auteur de l'étude, le Dr Helen Ling, de l'Institut de neurologie de l'University College London (UCL).
"Il y a un besoin urgent d'identifier ces risques, a-t-elle insisté. Une étude de grande échelle est indispensable et la coopération des organisations professionnelles, de la Fédération anglaise et de la Fifa sera nécessaire."
D'après l'étude, les anciens joueurs, dont les autopsies ont démontré qu'ils étaient atteints d'ETC, avaient aussi la maladie d'Alzheimer. Mais selon le Dr Ling, le lien entre les deux affections reste flou.
"Il est probable que ce soit une combinaison de ces deux maladies qui a provoqué la démence chez ces anciens footballeurs", a-t-elle toutefois estimé.
Les premiers signes de démence chez les sujets observés apparaissent en outre très tôt, vers l'âge de 65 ans, dix ans de moins que la moyenne générale de la population touchée.
L'ETC ne peut être diagnostiquée que post-mortem, et elle n'a été décelée jusqu'à présent que chez un petit nombre de footballeurs professionnels. Parmi eux figurent l'ancien capitaine du Brésil Hilderaldo Bellini et Jeff Astle, ex-attaquant de West Bromwich Albion, décédé en 2002 à l'âge de 59 ans.
- "Impacts répétitifs non commotionnels" -
Contrairement aux boxeurs ou aux footballeurs américains, les footballeurs sont rarement victimes de coups très violents à la tête avec perte de connaissance. Les dommages seraient plutôt causés par ce que les chercheurs ont qualifié "d'impacts répétitifs non commotionnels".
L'étude ne montre pas si les dommages infligés au cerveau sont la conséquence de coups de têtes dans le ballon, de collisions entre joueurs ou liés à d'autres facteurs.
En septembre dernier, la revue EBioMedicine avait publié les résultats d'une étude scientifique menée à l'université écossaise de Stirling, qui démontrait, elle, que le jeu de tête en football pouvait avoir un impact significatif sur les fonctions de la mémoire et du cerveau.
Selon les résultats de cette étude, les capacités de la mémoire pouvaient être réduites de 41 à 67% pendant les vingt-quatre heures suivant une séance de jeu de tête.
La recherche se basait sur une série de vingt têtes effectuées par un groupe de joueurs, reprenant un ballon propulsé par une machine à la vitesse et la puissance d'un ballon tiré du point de corner.
"Bien que ces affections soient temporaires et limitées dans le temps, nous pensons qu'elles peuvent affecter le cerveau à long terme", avait alors affirmé le Dr Magdalena Ietswaart, spécialiste des neurosciences à l'université de Stirling.
En mai dernier, la Fédération anglaise de football a autorisé l'ouverture d'une étude sur les possibles liens entre le jeu de tête et les lésions cérébrales. Une décision suivant la conclusion d'une enquête demandée par la famille de Jeff Astle sur les circonstances de sa mort, en 2002 à l'âge de 59 ans. Cette enquête avait conclu à un décès par "accident du travail".
L'étude publiée dans la revue Acta Neuropathologica précise en outre que les risques pour les footballeurs du dimanche d'avoir une affection cérébrale sont "extrêmement faibles".
Avec AFP