Officiellement, plus de 450.000 personnes sont handicapées en Côte d’Ivoire. Elles se sentent bien souvent marginalisés au sein de la société ivoirienne.
Loukou Josué Kouamé, président de l’Association des paralysés de Côte d’Ivoire, estime qu'"aujourd'hui, nous arrivons à nous battre, mais ce n'est pas à nous de nous adapter à notre société, c'est plutôt à la société de créer les conditions de notre épanouissement".
"On voit par exemple de nouvelles constructions d'immeuble ou d'infrastructures qui se font sans tenir compte des handicapés", observe-t-il. "Ce sont des discriminations: il n'y a pas de mesures d'octroi de fauteuils roulants aux personnes handicapées. Ce sont des choses que nous dénonçons."
A la différence de milliers de personnes handicapées sans emplois, Arnoll Zoh s’est fait une place de comptable depuis 2015 au sein de la société des palaces d’Abidjan, l’un des plus grands groupes hôteliers de la capitale.
Cela ne l’empêche pas de dénoncer la discrimination à l’encontre des personnes handicapées, car "quand un handicapé doit passer un concours, on dit qu'il ne peut pas faire ce qu'une personne valide peut faire".
"Ce n'est pas la situation physique qui compte mais l'intelligence, le savoir-faire intellectuel. Il y a des concours auxquels les personnes handicapées ne peuvent pas participer. Par exemple celui d'entrée à la gendarmerie ou à la police et ce n'est pas normal", insiste-t-il.
Dans le combat pour l’insertion socio-professionnelle des personnes handicapées le secteur privé est très attendu.
"Les entreprises privées - qui doivent employer au maximum cinq personnes handicapées dans leur effectif - ne peuvent le faire, car le décret n'est pas encore adopté. Nous lançons un appel aux autorités afin de favoriser l'insertion des handicapés dans le secteur privé", confie Arnoll Zoh à VOA Afrique.
Pour permettre aux personnes handicapées d’avoir une vie agréable et épanouie, l’Etat ivoirien a mis sur pied la Direction de la promotion des personnes handicapées.
Le directeur de cette structure, Victorien Krouwélé Koné, reconnait que le taux de chômage de cette frange de la population est élevé: 60 à 65 % des handicapés sont à la recherche d'un emploi.
Pour faciliter leur intégration, le gouvernement a pris un train de mesures, notamment le recrutement dérogatoire de personnes handicapées à la fonction publique.
"Le code du travail de la Côte d'Ivoire a été révisé en 2015, un chapitre particulier a été consacré à l'intégration des personnes handicapées dans le secteur privé avec des mesures incitatives", rappelle-t-il.
"Ce nouveau code prévoit le principe de quotas d'embauche. C'est vraiment une avancée importante et on attend l'adoption du décret relatif à ce nouveau code", explique-t-il.
Les personnes handicapées souhaitent l’adoption rapide de ce nouveau code de travail et sa mise en application, tout comme la convention des Nations unies sur les droits des personnes handicapées ratifiée en janvier 2014 par la Côte d’Ivoire.
Georges Ibrahim Tounkara, correspondant à Abidjan