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Les réfugiés rwandais opposés au retour au pays à Brazzaville


Loamba Moke, président de l'ADHUC plaidant pour l'abandon de cette mesure, à Brazzaville, le 27 avril 2017. (VOA/Ngouela Ngoussou)
Loamba Moke, président de l'ADHUC plaidant pour l'abandon de cette mesure, à Brazzaville, le 27 avril 2017. (VOA/Ngouela Ngoussou)

Les réfugiés rwandais installés au Congo-Brazzaville ne bénéficieront plus de ce statut dès le 31 décembre 2017. Les gouvernements du Congo et du Rwanda, en partenariat avec le HCR, travaillent sur cette échéance, mais dans la communauté des réfugiés rwandais, la majorité ne veut pas de cette mesure qui les incite à rentrer.

Basile, un jeune Rwandais, est stressé depuis que l’annonce de la clause de cessation de son statut de réfugié lui a été notifiée. Il estime que les Rwandais, notamment les Hutus qui vivent à l’extérieur du pays, n’auront aucun droit le jour où ils retourneront chez eux.

Reportage de Ngouela Ngoussou, correspondant à Brazzaville pour VOA Afrique
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"Chaque année, on célèbre le génocide des Tutsi à Kigali. Mais nous, quand est-ce que nous aurons le devoir de mémoire pour nos parents massacrés ? Nous préférons encore rester en exil", affirme-t-il, dépité.

Mais la clause de cessation de statut des réfugiés rwandais est irréversible aujourd’hui.

Dr Eric Ndayishimye, Patrick Mataboro et Basile trois réfugies rwandais à Brazzaville, le 27 avril 2017. (VOA/Ngouela Ngoussou)
Dr Eric Ndayishimye, Patrick Mataboro et Basile trois réfugies rwandais à Brazzaville, le 27 avril 2017. (VOA/Ngouela Ngoussou)

Le HCR y travaille même déjà. Selon le chef du bureau du HCR à Bétou au nord du Congo, Mohamed Nafion, le HCR s’apprête à organiser le rapatriement de tous les volontaires qui souhaiteraient retourner chez eux. On compte 1979 réfugiés rwandais dans cette partie du Congo.

A Brazzaville, ils sont plus nombreux. Quelque 3000 individus, selon les responsables des réfugiés. Ils vivent cette mesure comme un harcèlement.

"Le gouvernement rwandais ne veut pas régler ce problème dans un esprit de dialogue et de consensus. Qu’il nous fiche alors la paix. Nous souhaitons vivre en sécurité là où nous sommes en refuge", indique Patrick Mataboro, un jeune réfugié rwandais, dénonçant dans la foulée "la complicité du HCR".

Dans leur argumentation pour le refus de cette démarche, ces réfugiés mettent en avant les difficultés subies lors de fuites du génocide en 1996.

Marie Claire Nyiramahoro à Brazzaville, le 27 avril 2017. (VOA/Ngouela Ngoussou)
Marie Claire Nyiramahoro à Brazzaville, le 27 avril 2017. (VOA/Ngouela Ngoussou)

La vice-présidente de l’association des étudiants rwandais à Brazzaville, Marie Claire Nyihamahoro s’étonne de ce que le gouvernement les invite aujourd’hui à revenir au pays.

"Mais ce sont eux qui nous ont massacrés dans les forêts de RDC, et le rapport Mapping le démontre. Nous avons peur de rentrer dans ces conditions", dit-elle.

Une ONG locale, l’Association pour les droits de l’homme et l’univers carcéral (ADHUC), présidée par Loamba Moke, mène des actions dans le but de dissuader le Congo et le Rwanda à renoncer à ce projet.

"Nous craignons que ces réfugiés deviennent des migrants clandestins et qu’ensuite ils soient expulsés vers le Rwanda", s’inquiète-t-il, menaçant même de saisir dans un mois la Commission africaine des droits de l’homme.

Plusieurs réfugiés rwandais se sont bien intégrés au Congo et y développent de bonnes affaires. Cela pourrait être une raison pour ne pas rentrer au bercail.

"Mais, non ! Ceux qui ont ces petits moyens peuvent aussi aller investir au pays. Ici, nous n’avons pas la possibilité de déposer notre argent en banque, car nous n’avons aucun papier d’identité. Croyez-vous que cette situation ne plaît ?", s’interroge-t-il éperdument.

Ngouela Ngoussou, correspondant à Brazzaville

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