La puissante fédération syndicale gabonaise Dynamique Unitaire - regroupant une quarantaine de syndicats de l’administration publique -, le Syndicat de l’Education Nationale (Sena), l’ONG Educaf Gabon et une plateforme d'étudiants et d'élèves se sont réunis pour contester l’interdiction d’activité de la Convention Nationale des Syndicats du Secteur Education (Conasysed).
Dans leurs communiqués respectifs, ces mouvements ont condamné l’arrêté du ministre de l’intérieur, interdisant l’activité de la Conasysed -confédération d’enseignants en grève depuis des mois- à 10 jours d'un "dialogue politique" voulu par le président Ali Bongo après sa réélection contestée en août.
Dans un entretien à VOA Afrique, le président de Dynamique Unitaire, Jean-Rémy Yama, annonce le durcissement de la grève, citant notamment la fermeture de nouveaux établissements. Il indique par ailleurs que le Sena a suspendu les négociations tant que la Conasysed ne sera pas rétablie.
Tandis que les autorités s'activaient lundi à dissiper le spectre d'une "année blanche", l’organisation estudiantine Educaf a déclaré que "le gouvernement devrait avoir l’honnêteté de déclarer l’année blanche au Gabon (…)" a dit Jean-Rémy Yama à VOA Afrique.
"Les activités de la Conasysed sont interdites", indique un arrêté du ministre de l'Intérieur daté de vendredi et publié samedi dans le journal L'Union proche du gouvernement.
"Ayant appelé à une grève illimitée depuis le 12 octobre 2016, la Conasysed s'est trouvée, par nombre de ses adhérents, impliquée dans plusieurs actions de trouble à l'ordre public, entraves à la liberté de travail, violences et voie de fait", poursuit l'arrêté.
La Conasysed a "menacé les non grévistes et les enseignants expatriés qui faisaient cours, en mettant les élèves dehors. Certains responsables ont été pris en flagrant délit de destruction d'équipements", a assuré une source du ministère de l'Education.
"Les organisations syndicales condamnent avec la plus grande fermeté cette décision inique et arbitraire", a réagi samedi en conférence de presse le secrétaire général de la Conasysed, Simon Ndong Edzo.
"Les organisations ne se reconnaissent pas dans les accusations sans fondement dont le but est de tuer le syndicalisme au Gabon", a ajouté M. Ndong Edzo.
Confédération de sept syndicats enseignants, la Conasysed est en grève depuis la rentrée scolaire, qui a débuté avec un mois de retard le 31 octobre 2016.
Elle dénonce des classes surchargées, exige le paiement des primes et la démission du ministre de l'Éducation Florentin Moussavou.
Cette fédération est membre de la confédération syndicale Dynamique Unitaire qui a soutenu Jean Ping, le rival du président Ali Bongo pour l'élection présidentielle du 27 août dernier.
Un dialogue politique avec la société civile puis les partis politiques aura lieu du 28 mars au 10 mai au Gabon, a indiqué le gouvernement.
M. Ping, qui conteste la victoire d'Ali Bongo, a indiqué qu'il boycottait ce forum, tout comme Dynamique Unitaire.