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L'horreur des combats en Centrafrique racontée sur les réseaux sociaux


Des ex-Séléka évacuent le Camp de Roux à Bangui, Centrafrique, 27 janvier 2014.
Des ex-Séléka évacuent le Camp de Roux à Bangui, Centrafrique, 27 janvier 2014.

"Des tirs nourris à Zémio. Impossible de sortir". Des messages comme celui-ci, posté mardi matin sur Facebook, l'abbé Jean-Alain Zembi en publie tous les jours depuis Zémio, dans le sud-est de la Centrafrique.

Depuis le début des violences dans la ville, le 28 juin, les liaisons téléphoniques sont coupées et la ville sous contrôle d'hommes armés non identifiés.

"Il faut que l'information parvienne au monde, car nous sommes bloqués ici et les tirs continuent", a expliqué à l'AFP l'abbé Zembi, 33 ans, joint sur Whatsapp mardi depuis Libreville.

"Ils ont coupé le réseau téléphonique, et on ne peut pas sortir, c'est trop dangereux. Alors je poste sur Facebook", explique-t-il, alors que des hommes armés non identifiés, qui sévissent dans le pays depuis des années, étaient toujours dans les rues de la ville mardi après-midi, selon plusieurs témoins joints sur Whatsapp.

Comme un témoignage de l'horreur des combats, une publication du 2 juillet le montre en train de rendre hommage à des corps sans vie drapés dans un linceul et entassés dans une fosse commune.

"Six corps étaient sur le sol, dans les rues autour du presbytère. Il fallait prendre le risque de sortir les récupérer si on voulait éviter la contamination sanitaire du presbytère. D'autres corps sont toujours dans les rues, il y en a beaucoup mais personne ne peut les récupérer. On n'a pas de cercueil ici, donc on a du creuser une fosse commune", raconte-il à l'AFP.

Dans cette ville à 1.000 km de Bangui, sur la frontière avec la République démocratique du Congo (RDC), le réseau wifi est devenu le seul moyen pour les Casques bleus de la mission de l'ONU (Minusca), les humanitaires sur place et l'abbé Jean-Alain Zembi, de communiquer avec l'extérieur.

Le 28 juin, des hommes armés non identifiés sont entrés en ville, ont pillé et brûlé des boutiques et des maisons, faisant fuir les habitants et plus de 3.000 réfugiés congolais.

"Zémio est en feu depuis le mercredi 28 juin 2017. Aidez nous", a commencé à publier le 30 juin l'abbé Zembi, deux jours après le début des combats qui ont fait au moins cinq morts et empêchent les humanitaires de venir en aide aux 20.000 déplacés de la ville, selon le dernier bilan du bureau de l'ONU pour les affaires humanitaires (Ocha).

- Journal de bord -

"Les acteurs humanitaires sont contraints de limiter temporairement leurs activités à Zémio", a déclaré mardi dans un communiqué le coordinateur humanitaire de l'ONU en Centrafrique, Najat Rochdi.

"Nous sommes dans l'insécurité totale. Les gens ne mangent pas, ne boivent pas d'eau potable, et ils n'ont pas les soins nécessaires. Des maisons ont été incendiées. Presque toutes les familles des déplacées n'ont plus d'abri. Comment vont-ils faire après la crise ? Si vraiment elle (se) termine", a continué l'abbé dans la même publication, suscitant l'indignation et le soutien de plusieurs dizaines de personnes sur le réseau social.

Les publications de l'abbé Zembi sur Facebook sont un journal de bord des violences dans la ville, un appel au gouvernement et à la communauté internationale à venir en aide aux habitants de Zémio.

"A cause des crépitements d'armes, on ne peut sortir pour prendre les corps (de personnes décédées dans les rues de la ville). Quel bon souvenir l'histoire gardera-t-elle de vous? Observez bien les visages de ces enfants victimes de la guerre de Zémio, peut-être qu'ils mourront dans deux ou trois jours", a publié l'abbé le 30 juin.

Le 3 juillet, il poste des photos de bidons d'eau et salue l'arrivée d'une équipe de l'ONU amenant "quelques bâches et quelques bidons d'eau" au presbytère où il est bloqué.

Dans une autre publication, il décrit en photos une messe en plein air, célébrée dans l'enceinte du presbytère où "au moins 1.500 personnes" ont trouvé refuge.

"Que ça fait du bien de changer un peu, une belle célébration", poste-il.

Avec AFP

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