Les ministres de la Défense et des Affaires étrangères de l'Union européenne devaient profiter d'une réunion dans la capitale du Grand-Duché pour faire le point sur les récentes visites de responsables européens à Tripoli, où le gouvernement d'union de M. Sarraj tente d'asseoir son autorité sur l'ensemble de la Libye.
Une vidéoconférence avec M. Sarraj est prévue pour lundi soir, suivie d'un dîner pour "travailler à identifier des projets (de soutien) concrets dans des domaines différents qui sont les priorités du peuple et du gouvernement libyens, que ce soit sur le plan économique, politique ou sécuritaire", a expliqué Mme Mogherini.
En une semaine, les chefs des diplomaties italienne, allemande, française et britannique se sont rendus à Tripoli pour marquer leur soutien au gouvernement d'unité, qui espère obtenir ce lundi la confiance du Parlement.
Un vote favorable des parlementaires serait une avancée majeure pour ce gouvernement issu de négociations menées sous l'égide de l'ONU, qui a déjà obtenu le soutien de certaines milices mais aussi de la banque centrale ou de la compagnie pétrolière nationale depuis que M. Sarraj est arrivé à Tripoli le 30 mars dernier.
"Il faut absolument que ce gouvernement d'union nationale se mette au travail dans les meilleures conditions", a plaidé le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, en arrivant à Luxembourg.
"Aide d'urgence"
"Je pense que la Libye a besoin d'une aide d'urgence pour organiser ses forces de securité, de police, réorganiser son armée, ses gardes-frontières, ses gardes côtiers", a souligné M. Ayrault, au moment où les Occidentaux comptent sur le gouvernement d'unité pour combattre l'organisation Etat islamique (EI), implantée dans la ville côtière de Syrte, et juguler les départs de migrants à partir des côtes libyennes, récemment repartis à la hausse.
Dans cette perspective, les Européens envisagent de modifier le mandat de "Sophia", l'opération navale de l'UE de lutte contre les passeurs de migrants au large de la Libye mise sur pied à l'été 2015, pour "voir dans quelle mesure on peut soutenir (et former) les garde-côtes et aussi nous assurer qu'il n'y a pas de trafic d'armes vers l'EI" à Syrte, a précisé le ministre néerlandais Bert Koenders.
Mais rien ne sera décidé lundi, et l'UE n'agira pas sans demande explicite des nouvelles autorités libyennes.
"Je pense que Mme Mogherini sera chargée d'examiner comment ces tâches peuvent être effectuées à l'avenir", a commenté le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier.
"Sophia" est pour l'heure cantonnée aux eaux internationales, faute d'autorisation officielle de se rendre dans les eaux territoriales libyennes ou de feu vert de l'ONU en ce sens, ce qui laisse aux passeurs le champ libre pour envoyer des embarcations de fortune chargées de migrants en haute mer.
Plusieurs diplomates soulignaient toutefois qu'à l'heure actuelle, M. Sarraj avait pour priorité d'asseoir son autorité en Libye, où l'opinion et les milices sont hostiles à toute perspective d'intervention étrangère, ce qui ne l'incitera pas à se tourner vers l'UE pour demander de l'aide.
"Le plus important est de ne rien faire qui soit contreproductif", a averti M. Koenders.
Avec AFP