La semaine a été particulièrement compliquée pour le nouveau président américain et pour ses communicants, poussant le milliardaire sur Twitter - son canal médiatique préféré - à menacer de supprimer le sacro-saint briefing quotidien de la Maison Blanche, scruté aux Etats-Unis et dans le monde entier.
Devant la tempête politique qu'a déclenché mardi le renvoi brutal de James Comey, la presse américaine et l'ancienne équipe de communication de l'ex-président Barack Obama, que Donald Trump accuse de lui être hostile, ont dénoncé ces couacs et le manque supposé de "crédibilité" de la présidence de l'homme d'affaires.
Il faut dire que la Maison Blanche s'est enferrée dans des explications hasardeuses et des justifications contradictoires au limogeage, rarissime, du chef du FBI.
Le président l'a d'abord justifié par le comportement de M. Comey à la fin de l'enquête sur les emails de Hillary Clinton, juste avant la présidentielle de novembre.
- 'Histoire inventée' -
Mais M. Trump a ensuite brutalement changé de version en affirmant qu'il avait de toute façon l'intention de se séparer du premier policier des Etats-Unis. Il a même lié sa décision à l'affaire de la collusion supposée de la Russie avec son entourage sur laquelle le FBI enquête. "Une histoire inventée", selon le président des Etats-Unis.
Donald Trump a aussi sommé sur Twitter l'ex directeur du FBI de se taire, de ne pas faire fuiter d'informations sur son limogeage. Il l'a menacé en évoquant des "enregistrements" de leurs "conversations".
Mal à l'aise vendredi, le porte-parole de la Maison Blanche Sean Spicer n'a pas voulu dire si le président enregistrait ses discussions dans le Bureau ovale: les tweets "parlent d'eux-mêmes" et Donald Trump n'a proféré aucune "menace" contre James Comey, a éludé M. Spicer.
Mais le président américain a reconnu lui-même que sa communication pouvait être confuse.
Il a d'ailleurs prévenu qu'il pourrait supprimer le point de presse quotidien de la présidence, une institution pour les médias américains et internationaux, suivi en direct à la télévision bien au-delà de Washington. Ce briefing est animé depuis fin janvier par Sean Spicer, secondé par Sarah Huckabee Sanders.
Se décrivant comme un "président très actif", M. Trump a concédé vendredi que ses "substituts ne pouvaient pas toujours être parfaitement précis sur le podium.
- 'Annuler' les briefings -
Et il a menacé sur Twitter "d'annuler tous les +points de presse+ à l'avenir et de remettre des réponses par écrit pour davantage d'exactitude".
Samedi, il enfonce le clou sur FoxNews: "Nous n'aurons plus de conférences de presse à moins que je les fasse moi-même toutes les deux semaines. Je pense que c'est une bonne idée", lance-t-il dans un entretien diffusé dans la soirée et dont la chaîne a dévoilé des extraits.
Le septuagénaire dénonce "le niveau d'hostilité incroyable et très injuste" contre "Sarah Huckabee (Sanders), une jeune femme charmante (et) Sean Spicer, un être humain merveilleux et un homme gentil".
Quant au briefing quotidien du département d'Etat, également très suivi par la presse diplomatique et les chancelleries du monde entier, il n'a toujours pas repris depuis fin janvier, hormis durant quelques jours en mars.
- Manque de 'crédibilité' -
Si bien que l'équipe de communication sous la présidence Obama est sortie du bois pour tacler l'absence supposée de "crédibilité" de l'équipe Trump.
"L'administration (Trump) n'a pas encore été confrontée à une crise de sécurité nationale. Quand cela arrivera, l'opinion publique et la communauté internationale regarderont si le président, le vice-président et la Maison Blanche parlent d'une seule voix", souligne auprès de l'AFP Jennifer Psaki, qui dirigea la communication de la Maison Blanche de 2015 à janvier dernier.
A ses yeux, "ce qui s'est passé cette semaine soulève davantage de questions sur leur préparation et sur la valeur qu'ils attachent à la crédibilité et à l'honnêteté". "C'est inquiétant, non seulement pour les Etats-Unis, mais aussi pour le monde", critique encore Mme Psaki, qui fut aussi porte-parole du secrétaire d'Etat John Kerry.
De son côté, l'ancien porte-parole du président Obama, Josh Earnest, a dénoncé sur la chaîne MSNBC le fait que si son successeur "Sean Spicer n'a pas accès au Bureau ovale avant de faire son briefing (...) c'est de la faute du président des Etats-Unis".
Avec AFP