"Je lui ai demandé", a dit le président américain lors d'une interview sur NBC, rapportant deux conversations téléphoniques.
"J'ai dit +Si c'est possible, pouvez-vous me dire s'il y a une enquête sur moi ?+ Il a dit qu'il n'y avait pas d'enquête sur moi", a-t-il expliqué, en référence aux investigations en cours sur des liens entre des proches du président américain et la Russie durant la campagne électorale de 2016.
Mais malgré ces assurances données par M. Comey, Donald Trump a avoué qu'il avait l'affaire avec la Russie en tête quand il a pris la décision de le renvoyer: "En fait quand je me suis décidé, je me suis dit: +Ce truc avec la Russie, Trump et la Russie, c'est une histoire inventée+".
Selon Donald Trump, les deux hommes en avaient parlé une première fois lors d'un "dîner très sympa".
"Il voulait rester le chef du FBI et j'ai dit que j'y réfléchirai", a raconté M. Trump.
"Et ce jour-là il m'a dit que je n'étais pas visé par une enquête, ce que je savais déjà de toute façon".
Du point de vue juridique, ces propos peuvent s'apparenter à des pressions du président sur le patron du FBI.
Poser cette question "pourrait s'apparenter à une tentative de corruption (...) ou tout au moins d'une obstruction de la justice dans laquelle Comey aurait été idiot de tomber en offrant l'assurance" que Donald Trump n'était pas visé par l'enquête, explique la juriste Laurence Tribe.
Selon le New York Times, M. Trump aurait demandé à M. Comey une promesse de loyauté, lors d'un dîner une semaine après son entrée à la Maison Blanche.
D'après le journal, qui cite deux associés de M. Comey, ce dernier aurait refusé de donner un tel engagement, mais aurait assuré M. Trump de son "honnêteté". Le quotidien new-yorkais n'était pas en mesure de dire si ce dîner était le même que celui évoqué par M. Trump sur NBC.
La porte-parole de la présidence Sarah Huckabee Sanders, citée par le journal, aurait toutefois réfuté cette version, assurant que M. Trump "n'a jamais suggéré qu'il attendait de la loyauté à sa personne, mais seulement envers notre pays et son grand peuple".
Le FBI enquête depuis l'été dernier sur les ingérences russes dans la campagne présidentielle américaine de 2016, et sur une éventuelle coordination entre des membres de l'équipe de campagne Trump et la Russie.
- 'Pas de collusion' -
Ces contacts de président à directeur du FBI ont étonné le sénateur républicain Lindsey Graham, qui a promis de "poser la question".
La Maison Blanche peinait cependant à présenter avec clarté la séquence ayant conduit à l'éviction, rarissime, du chef du FBI, a fortiori alors qu'il supervisait de près une enquête très sensible sur le plan de la sécurité nationale.
M. Trump avait dans un premier temps invoqué la gestion par M. Comey de l'enquête sur les emails d'Hillary Clinton, sa rivale démocrate lors de la présidentielle, puis il avait accusé M. Comey de ne pas faire du "bon travail" à la tête du FBI.
Dans le même entretien à NBC, Donald Trump a assuré qu'il "n'y a pas de collusion entre moi, ma campagne et les Russes".
Il a également expliqué qu'il avait de toute façon l'intention de limoger M. Comey, prenant ses distances avec la version de la Maison Blanche selon laquelle il n'avait agi qu'après la recommandation du ministère de la Justice, mardi.
"J'allais le limoger quelles que soient les recommandations", a-t-il affirmé. "C'est un hâbleur, un fanfaron".
Ces commentaires désobligeants n'étaient pas du goût des élus du Congrès, y compris républicains.
"Il avait le droit absolu de licencier le directeur du FBI pour n'importe quelle raison", a dit Lindsey Graham. "Le problème, ce sont les raisons incohérentes qui ont été données".
- Hommage appuyé à Comey -
Plus tôt jeudi, le directeur par intérim du FBI a cherché à rassurer un Congrès secoué par ces événements sur l'indépendance de l'enquête. "Le travail des hommes et des femmes du FBI continue quels que soient les changements de circonstances, quelles que soient les décisions", a déclaré Andrew McCabe, ex-numéro deux de la police fédérale, lors d'une audition au Sénat.
"Il n'y a eu aucune tentative d'entraver notre enquête à ce jour", a-t-il ajouté.
L'opposition démocrate continue de réclamer la nomination d'un procureur spécial pour superviser l'enquête, mais aucun élu républicain ne soutient cette demande, qui a peu de chance d'aboutir sans pression de la part de la majorité.
Avec AFP