"Il est inquiétant de voir que des figures de l'opposition sont ciblées", a déclaré dans un communiqué l'ambassadeur britannique à Kigali, William Gelling.
"Je suis préoccupé par les arrestations et les difficultés judiciaires des dernières semaines", a-t-il ajouté.
L'opposante Diane Rwigara, qui avait tenté de se présenter à la présidentielle, avant d'en être empêchée par la Commission électorale, a été arrêtée et interrogée par la police, avant d'être relâchée, au début septembre.
Selon la police, sa famille est visée par une enquête pour évasion fiscale et doit 5,9 millions de dollars (5 millions d'euros) à l'État, et Diane Rwigara est accusée de contrefaçon de documents dans le cadre de sa tentative de candidature à la présidentielle.
Mais selon les proches de l'opposante, ces accusations sont sans fondement et sont simplement destinées à l'intimider.
L'un des frères de Diane, Aristide, qui vit aux États-Unis, affirme que sa famille est depuis de facto "assignée à résidence", ce que nie la police.
Sa soeur Diane, sa mère et ses autres frères et soeurs, "sont emmenés tous les matins par la police pour être interrogés et ramenés à la maison le soir après minuit", assure-t-il.
La semaine passée, au moins sept responsables de deux partis rwandais non reconnus par les autorités, dont le FDU-Inkingi de l'opposante emprisonnée Victoire Ingabire ont été arrêtés.
La police les soupçonne d'être "liés à des groupes armés opérant dans un pays voisin", une référence probable aux Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) présentes en République démocratique du Congo.
Dans son communiqué, M. Gelling a également réitéré les inquiétudes des chancelleries occidentales sur la conduite de l'élection présidentielle.
Il a regretté le "manque de clarté dans le processus d'enregistrement" des candidatures, qui a empêché certaines personnes de se présenter, ainsi que certaines "irrégularités dans le comptage et la compilation des résultats".
Néanmoins, l'ambassadeur britannique a reconnu que le résultat du vote "reflétait la volonté de la majorité des Rwandais".
Paul Kagame est l'homme fort du Rwanda depuis que le Front patriotique rwandais (FPR) a renversé en juillet 1994 le gouvernement extrémiste hutu ayant déclenché un génocide qui a fait 800.000 morts entre avril et juillet 1994, essentiellement parmi la minorité tutsi.
Il est crédité du spectaculaire développement, principalement économique, d'un pays exsangue au sortir du génocide. Mais il est aussi accusé de bafouer la liberté d'expression et de réprimer toute opposition.
Avec AFP