Les pièces vendues sont retirées de vieux véhicules qui trainent dans les garages, dans les coins de rue ou sur certains de lieux d’accidents.
"Nous ne sommes pas en concurrence avec les vendeurs ouest africains. Nous vendons les pièces détachées d’origine que nous retirons directement des véhicules. Eux, ils vendent des pièces dites occasion d’Europe. D’ailleurs, ils viennent se ravitailler chez nous, car nous vendons certaines pièces rares", affirme un jeune vendeur.
Toutes sortes de pièces de véhicules sont proposées sur les étalages du marché Commission. Les radiateurs, les delcos, les patins, les démarreurs, les répartiteurs, les pneus ou les jantes. "On achète des voitures amorties que nous détachons petit à petit", explique un autre jeune ayant son étalage à Commission.
Pas besoin de grandes notions de mécaniques, les jeunes arrivent facilement à "cannibaliser" tout un véhicule, et chaque jour, ils apprennent les noms de pièces d’automobile.
Chaque jour, ces jeunes doivent se battre pour rentrer avec de manger. Mais le marché très tendu, car peu de clients se présentent. La crise économique et financière qui frappe le pays est également passée par le marché de Commission.
"Actuellement, c’est difficile. Les affaires ne marchent plus comme avant. Il n’y a plus d’argent dans le pays. Si on achète une voiture à 50.000 francs CFA, on espère au moins revendre les pièces à plus de 100.000 francs CFA. Ce surplus nous permet de vivre avec nos familles", confie Rufin, 20 ans de vente de pièces à Commission, reconnaissant que la vente des pièces dégringole.
Le président des vendeurs de pièces d’automobile détachées, Daniel Mvouama explique que la mévente gagne leur marché. "Il n’y a pas la clientèle. Nous sommes ici juste pour divertir le chômage, nous sommes vraiment dans la lutte contre la pauvreté", dit-il avec ironie.
Mais l’initiative est encouragée. C’est mieux de trouver ces jeunes ici plus que de les voir alimenter les rangs du banditisme à Brazzaville. C’est l’avis de Ibam Ngambili, président du Conseil national de la Jeunesse du Congo, une institution de l’Etat.
"Nous louons l’initiative. Un jeune qui se cherche est celui qui a compris qu’il faut se battre, il faut se lever tôt. Sinon la vie on ne la sert jamais sur un plateau. Voilà pourquoi dans le cadre du projet 'Elonga' que nous avons à Djiri 2, nous essayons d’apporter le nécessaire à ces jeunes", dit-il.
Le marché semble avoir encore de beaux jours devant lui. Mécaniciens et usagers viennent s’y alimenter, à moindre coût. Les clients sont de toutes les classes sociales.
Plus de 65% des quatre millions de Congolais de Brazzaville sont des jeunes, et nombreux doivent se battre chaque jour pour faire face au chômage et au sous-emploi.
Ngouela Ngoussou, correspondant à Brazzaville