Des manifestations sont prévues vendredi dans plusieurs dizaines de villes américaines pour protester contre cette mesure, censée décourager les candidats à l'immigration mais considérée comme cruelle et inutile.
"Cela ne représente pas ce que nous sommes, nous Américains, ce n'est pas ce pourquoi nous luttons", a lancé l'élu démocrate Joachin Castro lors d'un rassemblement jeudi soir à San Antonio (Texas). "Ce pays est un phare de la liberté, de la démocratie et surtout du respect des droits de l'Homme".
"On ne devient pas non humain simplement en passant la frontière", a-t-il ajouté.
A Los Angeles, un autre élu démocrate, Jimmy Gomez, a lancé jeudi un vibrant plaidoyer en faveur des migrants. "Ces familles n'essaient pas d'entrer illégalement, elles se présentent à la frontière et demandent de l'aide", a-t-il affirmé.
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Les passages clandestins ont repris depuis quelques mois à la frontière mexicaine après une baisse significative à la suite de l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui a fait de la lutte contre l'immigration illégale une priorité.
En avril, près de 51.000 personnes dont plus de 9.500 familles, ont été arrêtées après être entré illégalement aux Etats-Unis, selon la police aux frontières.
Pour stopper le flot, le ministre de la Justice Jeff Sessions a annoncé le 7 mai une "tolérance zéro" pour les clandestins arrêtés, particulièrement les familles, qui seront systématiquement inculpés pour entrer illégale avant même de pouvoir déposer une demande d'asile.
"Si vous faites passer (illégalement, ndlr) un enfant, nous vous poursuivrons. Et cet enfant sera séparé de vous, comme requis par la loi", avait notamment déclaré le ministre.
- "Monnaie d'échange" -
La mesure vise notamment les ressortissants des pays d'Amérique centrale qui déposent des demandes d'asile en raison d'une "peur crédible" pour leur vie. La plupart des candidats viennent du Guatemala, du Salvador et du Honduras, trois pays gangrénés par la violence des groupes criminels.
Les enfants sont placés en famille d'accueil ou chez des proches pendant que leurs parents déposent une demande d'asile. Selon les chiffres officiels, plus de 90% d'entre elles ont été approuvées après un examen qui peut durer plusieurs mois.
Pour sa défense, le président Donald Trump a rendu la précédente administration responsable de ces mesures de détention, ainsi que l'opposition démocrate au Congrès, pourtant dominé par les républicains.
"Mettez la pression sur les démocrates pour mettre fin à la loi horrible séparant les enfants de leurs parents quand ils ont passé la frontière", a-t-il dit dans un tweet la semaine dernière. Il a lié la fin de cette mesure au financement d'un mur à la frontière mexicaine pour stopper les clandestins.
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La loi était en effet déjà en vigueur sous l'administration Obama, mais rarement appliquée. Selon l'éditorialiste du Washington Post Greg Sargent, "le changement n'est pas qu'une nouvelle règle a provoqué la séparation des familles (mais que) l'administration inculpe délibérément plus de familles en sachant parfaitement que plus d'enfants seront séparés de leurs parents".
L'organisation de défense des droits civiques ACLU a quant à elle dénoncé jeudi l'utilisation des familles "comme monnaie d'échange contre un mur à la frontière et d'autres mesures répressives".
Dans le Washington Post trois anciens responsables de la police aux frontières ont fustigé vendredi "une menace qui est en fait un, coup de bluff (et qui) va faire du tort à la sécurité aux frontières", citant le manque de financement, de juges et de lieux de détention adéquats.
Ivanka Trump a également été victime de cette controverse quand elle a posté la semaine dernière sur son compte Twitter une photo d'elle serrant son fils dans les bras.
"N'est-ce pas la meilleure chose que de câliner son petit en sachant exactement où il est, en sécurité dans vos bras ? (...) N'est-ce pas, Ivanka ?", s'est insurgé sur Twitter l'humoriste Patton Oswalt.
Avec AFP