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Mandat d'arrêt contre la sœur du prince héritier saoudien avant sa visite à Paris


Le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman à son arrivée à l'Elysée à Paris le 24 juin 2015.
Le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman à son arrivée à l'Elysée à Paris le 24 juin 2015.

Un mandat d'arrêt a été émis en France à l'encontre de Hassa bint Salmane, soupçonnée d'avoir donné l'ordre à son garde du corps de frapper un artisan à Paris, à quelques semaines d'une visite de "MBS" en France.

Ce mandat d'arrêt contre la sœur de l'homme fort de Ryad, a été délivré fin décembre par une juge d'instruction parisienne.

L'épisode intervient alors que Mohammed ben Salmane, propulsé prince héritier en juin 2017 par son père, le roi Salmane, doit effectuer une visite en France à une date encore non déterminée. Selon une source diplomatique, elle devrait avoir lieu "courant avril".

"MBS", 32 ans, se présente comme le champion d'un islam modéré, tolérant et ouvert. Il mène depuis moins de deux ans une politique de réformes drastiques sur le plan économique, social et sociétal qui bouleverse les habitudes du royaume saoudien ultra-conservateur.

Il s'annonce comme un acteur incontournable de la scène diplomatique moyen-orientale dans les années à venir, comme l'a encore montré sa déclaration dévoilée jeudi sur le fait que l'Arabie Saoudite se dotera de l'arme nucléaire si son rival iranien s'en équipe.

Autre exemple: en novembre 2017, une rencontre improvisée en Arabie Saoudite entre le président français Emmanuel Macron et MBS avait permis de trouver une issue à une crise politique libanaise, quand le Premier ministre libanais Rafic Hariri avait d'abord annoncé sa démission depuis Ryad, puis s'était envolé pour la France et l'avait retirée.

Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian avait annoncé la visite du prince héritier à Paris à l'occasion de son déplacement à Ryad en novembre dernier, sans fixer de date précise.

Le ministre avait alors déclaré que la France souhaitait renforcer ses liens économiques avec le royaume, d'autant que MBS va aussi être le pilote de la modernisation économique du pays, notamment pour le préparer au déclin pétrolier.

- Baiser les pieds princiers -

Hassa bint Salmane est soupçonnée d'avoir donné l'ordre en septembre 2016 à son garde du corps de frapper un artisan venu faire des travaux dans son appartement avenue Foch, dans les beaux quartiers de la capitale française.

D'après le récit de l'artisan, il prenait une photo de la pièce où il devait intervenir, pour s'assurer de bien ensuite remettre les meubles à leur place, lorsqu'il avait été accusé de réaliser des clichés pour les vendre à des médias.

Mécontente, Hassa bint Salmane avait alors, selon les dires de l'ouvrier, donné l'ordre à son garde du corps de le frapper.

"Il faut le tuer, ce chien, il ne mérite pas de vivre", s'était emportée la princesse, selon Le Point.

L'artisan affirme avoir été roué de coups, et humilié. Le garde du corps lui aurait notamment intimé l'ordre de s'agenouiller, les mains ligotées, pour baiser les pieds de la princesse.

Au bout de plusieurs heures, il avait pu quitter l'appartement sans son matériel, qui lui a été confisqué.

Le garde du corps, a été inculpé le 1er octobre 2016 pour "violences avec arme", "séquestration", "vol" et "menaces de mort".

Ce n'est pas la première fois que la famille royale saoudiennne a des démêlées avec la justice française. En mars 2013, cette dernière avait ordonné la saisie conservatoire de biens acquis en France par Maha al-Sudaïri, épouse répudiée de l'ancien prince héritier Nayef ben Abdelaziz Al Saoud (décédé en juin 2012), en raison d'impayés.

La princesse avait fait parler d'elle lors d'un séjour à Paris, entre le 22 décembre 2011 et le 17 juin 2012, en tentant de quitter l'hôtel de luxe Shangri-La en compagnie de sa suite d'une soixantaine de personnes, laissant au passage une ardoise de près de 6 millions d'euros.

Au Royaume-Uni, un des nombreux petits-fils de l'ancien roi Abdallah d'Arabie saoudite avait été condamné en 2010 à la prison à vie pour le meurtre d'un domestique qu'il traitait en "souffre-douleur", après une soirée de la Saint-Valentin arrosée et à connotation "sexuelle", selon la justice britannique.

Avec Afp

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