Fouad Ouicher et Saida Deffeur --placée sous contrôle judiciaire-- ont tous deux été inculpés d'"atteinte à l'unité nationale" et d'"attroupement non autorisé", sur la base d'images enregistrées sur leurs téléphones, dont certaines ont été publiées sur les réseaux sociaux, a indiqué Me Seddik Mouhous.
Ils ont été interpellés vendredi après une manifestation à Alger contre la présidentielle prévue en décembre et "conduits au siège de la Section de recherche de la gendarmerie nationale avant de comparaître dimanche matin devant le tribunal" de Sidi M'hamed, le plus important de la capitale, a-t-il ajouté.
La défense a boycotté la séance devant le juge d'instruction, conformément à une décision des avocats bénévoles défendant les détenus du mouvement de contestation, qui est entré vendredi dans son 10e mois.
Le président du RAJ, Abdelouahab Fersaoui, ainsi que huit militants de l'association, sont déjà sous les verrous depuis octobre pour "atteinte à l'unité nationale" ou "incitation à un attroupement", passibles respectivement de 10 et un an d'emprisonnement.
Dimanche, de nouvelles manifestations nocturnes ont eu lieu dans plusieurs villes, selon des témoignages d'internautes sur les réseaux sociaux.
Dans le centre d'Alger, les forces de sécurité se sont déployées en grand nombre, tandis que quelque 200 personnes ont manifesté dans l'est de la capitale contre la tenue de la présidentielle, selon un journaliste de l'AFP.
- Démantèlement du "système" -
Jeudi, un juge d'instruction d'Alger avait inculpé d'"attroupement non autorisé" 29 personnes arrêtées la veille lors d'une manifestation nocturne.
Parmi elles, 21 ont été remises en liberté provisoire, tandis que les huit autres sont poursuivies pour "association de malfaiteurs" et "atteinte à l'intégrité du territoire" --crime passible de 10 ans de prison-- et ont été placées en détention provisoire.
L'une de ces huit personnes a été acquittée dimanche lors de sa comparution devant un tribunal de la banlieue ouest d'Alger et deux ont été condamnées à un an de prison pour "incitation à l'attroupement" et "attroupement non autorisé", selon le Comité national de libération des détenus (CNLD).
Cette association, qui recense et défend les personnes arrêtées dans le cadre du mouvement de contestation, avait fait état samedi de l'arrestation d'au moins 30 personnes manifestant à Tiaret, à 270 km au sud-ouest d'Alger, et de plus de 80 personnes jeudi à Alger lors d'une marche nocturne.
Après avoir obtenu la démission du président Abdelaziz Bouteflika en avril, les manifestants réclament désormais le démantèlement du "système" et dénoncent la tenue de la présidentielle prévue le 12 décembre qui pour eux ne peut offrir, en l'état, des garanties de transparence.
Les manifestants conspuent ainsi les candidats à la présidentielle, réclament le départ des dirigeants et dénoncent les multiples arrestations qui émaillent la campagne.
Avec AFP