Les manifestants se sont réunis plusieurs heures durant, sans incident, devant le siège de la Cour dans le centre-ville, à l'appel du Forum des oulémas et imams pour la défense du prophète de l'islam.
Ce même collectif, créé en 2014, avait émis dimanche une "fatwa" (avis religieux) appelant à la confirmation de la peine de mort, estimant que le repentir exprimé par l'accusé, Cheikh Ould Mohamed Ould Mkheitir - également identifié comme Mohamed Cheikh Ould Mohamed - âgé d'une trentaine d'années, ne devait pas être pris en compte.
Mardi à la mi-journée, "la Chambre correctionnelle de la Cour suprême a commencé l'examen du dossier de M. Ould Mkheitir en présence de ses avocats et des avocats bénévoles qui se sont constitués partie civile", a affirmé à l'AFP une source judiciaire.
Les avocats du blogueur - détenu à Nouadhibou (nord-est) depuis le 2 janvier 2014 pour un article sur internet considéré comme blasphématoire envers le prophète de l'islam - ont demandé à la Cour "que sa repentance soit prises en compte par la Cour", a indiqué l'un des défenseurs, Me Fatimata Mbaye.
"Nous avons développé nos arguments dans ce sens et nous restons optimistes", a ajouté Me Mbaye.
Selon elle, la Cour a levé l'audience mardi soir et "annoncé qu'elle rendrait sa décision le 20 décembre".
En première instance, Cheikh Ould Mohamed Ould Mkheitir a été reconnu coupable d'apostasie et condamné à mort le 24 décembre 2014 par la Cour criminelle de Nouadhibou, verdict salué à l'époque par l'opinion mauritanienne.
Le 21 avril 2016, la Cour d'appel de Nouadhibou avait confirmé la peine de mort à son encontre mais en requalifiant les faits en "mécréance", une accusation moins lourde prenant en compte son repentir, puis renvoyé son dossier devant la Cour suprême.
- Le président sollicité -
Selon des experts, la haute juridiction peut confirmer la peine de mort, ou accepter le repentir de l'accusé puis le renvoyer devant une autre cour avec des "recommandations", ou encore annuler la procédure, ouvrant la voie à une possible libération.
Le rassemblement devant la Cour suprême a été émaillé de slogans contre l'accusé - qualifié notamment d'"ennemi de l'islam" - et de chants religieux à la gloire du prophète.
Partisans et contempteurs de l'exécution du blogueur ont ces dernières heures sollicité le président Mohamed Ould Abdel Aziz, actuellement en visite dans le centre-est du pays.
Lundi à Tidjikja, chef-lieu de la région, un dignitaire coutumier l'a exhorté à ne pas user de son droit de grâce, selon une source dans sa délégation.
Le président mauritanien a aussi été sollicité par quatre organisations de défense de la presse, dans une lettre ouverte diffusée lundi.
"Nous espérons que la Cour ordonnera la libération de Mohamed, étant donné la contrition dont il a fait part", ont écrit ces ONG, dont Reporters sans frontières (RSF) et le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).
Se disant préoccupées en raison de menaces de mort contre lui, elles ont aussi appelé à "assurer sa sécurité physique à l'intérieur et à l'extérieur de la prison".
La peine capitale n'a plus été appliquée en Mauritanie depuis 1987. Cette affaire est le premier cas de condamnation à mort pour apostasie dans le pays.
Avec AFP