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Marches anti et pro-régime sous haute tension au Venezuela


Des manifestants de l'opposition se sont réunis contre le président Nicolas Maduro, à Caracas, au Venezuela, le 15 avril 2017.
Des manifestants de l'opposition se sont réunis contre le président Nicolas Maduro, à Caracas, au Venezuela, le 15 avril 2017.

Les opposants et partisans au président vénézuélien Nicolas Maduro mesurent leurs forces mercredi dans les rues de Caracas, des défilés sous haute tension après la mort de cinq manifestants ces derniers jours.

Pour les antichavistes (du nom de Hugo Chavez, président de 1999 à son décès en 2013), qui ont promis "la mère de toutes les manifestations" mercredi, il s'agit de la sixième mobilisation depuis début avril, en faveur d'élections anticipées et en défense du Parlement, la seule institution qu'ils contrôlent.

Vêtus de blanc, des groupes d'opposants commençaient à se réunir en différents points de la capitale.

Un important déploiement policier contrôlait les principaux accès à Caracas et une vingtaine de stations de métro avaient été fermés, ont constaté des journalistes de l'AFP.

La tension est montée encore d'un cran mardi soir. Nicolas Maduro a annoncé qu'il activait un "plan Zamora" pour "défaire le coup d'Etat (et) l'escalade de violences (...) sous la structure militaire, policière et civile de l'Etat".

"Le Plan Zamora, explique à l'AFP le général à la retraite Cliver Alcala, est un plan stratégique et opérationnel activant la défense de la Nation en cas de menaces à l'ordre interne. (...) Mais sa mise en oeuvre me paraît destinée à intimider. Ils veulent dissuader l'opposition de manifester".

M. Maduro avait accusé auparavant à la radio et la télévision les "Etats-Unis" d'avoir donné leur "feu vert (...) à un processus putschiste effronté en vue d'une intervention au Venezuela".

Nicolas Maduro a également annoncémardi soir que l'un des instigateurs d'un "complot militaire" fomenté, selon lui, par l'opposition, avait été arrêté et incarcéré. "Nous avons en outre arrêté un groupe (...) de l'opposition doté d'armes et qui entendait se joindre à la mobilisation convoquée par la droite", a-t-il poursuivi.

Dans un communiqué, la Table pour l'unité démocratique" (MUD), la coalition de l'opposition, a rejeté ces accusations, fustigeant "les guerres imaginaires et les conspirations inexistantes de Maduro". Elle a réitéré son appel à manifester mercredi.

Dans le même registre, Nicolas Maduro avait estimé mardi que Julio Borges, le chef du Parlement dominé depuis 2015 par l'opposition, devrait être poursuivi pour "appel au coup d'Etat".

Préoccupation en Amérique latine

En l'occurrence, le président du Parlement vénézuélien avait appelé les forces armées mardi à être "loyales" à la Constitution en laissant les opposants défiler pacifiquement. Une référence à la "loyauté inconditionnelle" à Nicolas Maduro proclamée lundi par le chef des armées et ministre de la Défense, Vladimir Padrino Lopez.

La manifestation de l'opposition devait tenter de parvenir jusqu'aux bureaux du Défenseur du peuple dans le centre de Caracas, considérés comme un bastion chaviste.

Les autorités ont déjà prévenu qu'elles ne laisseraient pas les antichavistes aller jusqu'à cette zone où aura lieu l'autre défilé, celui des partisans de M. Maduro.

Lors des précédentes protestations, les tentatives des forces de l'ordre pour bloquer le passage des manifestants qui avaient dégénéré en violences.

En trois semaines, l'actuelle vague de manifestations a fait cinq morts et des dizaines de blessés et l'opposition dénonce la répression des forces de l'ordre, qui ont arrêté plus de 200 personnes.

Inquiets, onze pays latino-américains ont demandé lundi à Caracas de "garantir" le droit de protester pacifiquement, un appel qualifié par le gouvernement vénézuélien d'"ingérence grossière".

'Tollé diplomatique'

Nicolas Maduro ne semble pas prêt à calmer le jeu : après avoir annoncé le déploiement de militaires mercredi, il a décrété le renforcement des milices civiles, qui compteront 500.000 membres, avec "un fusil pour chacun" en vue d'une éventuelle "intervention étrangère".

Cette vague de protestations a démarré le 1er avril après la décision de la Cour suprême, réputée proche de Maduro, de s'arroger les pouvoirs du Parlement, déclenchant un tollé diplomatique qui l'a poussée à faire machine arrière 48 heures plus tard.

L'opposition a dénoncé une tentative de coup d'Etat mais paradoxalement cet épisode lui a aussi donné un nouveau souffle, l'amenant à dépasser ses divisions intestines, et a relancé la mobilisation populaire à ses côtés, assoupie ces derniers mois.

"L'opposition est plus unie que jamais. Il est probable que la manifestation (de mercredi) sera la plus grande contre le chavisme. Mais nous ne pouvons pas prédire l'impact que cela aura" ensuite, a déclaré l'analyste Luis Vicente Leon.

Avec AFP

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