Les juges de la cour d'appel de Casablanca ont décidé de reporter la mise en délibéré au 5 avril, selon les informations obtenues par l'AFP sur place.
Depuis janvier, 38 des 42 accusés jugés en appel, dont Nasser Zefzafi, une des figures du mouvement, boycottent le procès ouvert en novembre 2018. Tous sont détenus à la prison de Casablanca.
Leurs avocats ont refusé de plaider pour protester contre "l'absence des conditions d'un procès équitable", comme lors du procès en première instance qui s'était soldé par des peines allant jusqu'à 20 ans de prison en juin dernier.
Les prévenus avaient été arrêtés dans la province d'Al-Hoceïma (nord) en 2017 pour avoir participé au mouvement social déclenché par la mort tragique d'un poissonnier écrasé dans une benne à ordures en octobre 2016.
Seuls quatre accusés qui comparaissent en état de liberté ont participé aux dernières audiences du procès en appel, dont le journaliste Hamid El Mahdaoui qui avait été condamné en juin à trois ans ferme pour "non dénonciation d'une tentative de nuire à la sécurité intérieure de l'Etat". On lui reproche de n'avoir pas averti la police d'un appel d'un inconnu évoquant des livraisons d'armes.
Trois de ses avocats ont démontré "l'absurdité" de ces accusations en le qualifiant de "patriote" et en appelant à ne pas revenir aux "années de plomb" du règne d'Hassan II, le père du roi actuel. Le quatrième a plaidé pendant deux heures mardi soir avec des arguments techniques et des références à la jurisprudence pour démontrer que l'existence même d'un complot n'était pas prouvée.
L'accusation a requis un alourdissement de toutes les peines prononcées en première instance qui ne correspondent pas au maximum prévu par le code pénal.
Les détenus qui boycottent les audiences réclament un procès "équitable et impartial" et "l'annulation des procès-verbaux dressés par la police judiciaire" après leur arrestation.
Des associations de défense des droits humains ont par le passé dénoncé des aveux extorqués par la violence pendant les gardes à vue, ce que les autorités marocaines ont toujours démenti.
Un total de 53 prévenus avaient été condamnés en juin dernier, avec des peines dont la sévérité avait suscité des flots de réactions indignées sur les réseaux sociaux. Onze d'entre eux avaient été en août graciés par le roi.
Amnesty International a appelé en décembre les autorités judiciaires du Maroc à "veiller à ce que le procès en appel ne se résume pas à un nouveau simulacre de justice" et à "veiller à ce que tous les droits à un procès équitable soient respectés au cours de la procédure d'appel" des militants du Hirak.
Avec AFP