Dans cette étude, l’association italienne note que le voyage a duré en moyenne 22 mois pour les premiers, 16 mois pour les seconds, avec un passage obligé par la "route de l'enfer" à travers le désert jusqu'à l'arrivée.
"Le désert est plein de tombes. J'ai vu tant de cadavres, ceux qui étaient tombés du véhicule et ceux morts de soif", a raconté un Nigérian de 19 ans.
La quasi-totalité d'entre eux racontent avoir passé des mois effroyables en Libye avant de prendre la mer: enfermés, battus, torturés, privés d'eau et de nourriture... Seuls 35% d'entre eux ne présentent d'ailleurs aucune cicatrice.
Un Erythréen de 67 ans voyageant avec ses deux petites-filles de 11 et 17 ans a ainsi dû laisser derrière lui l'aînée, otage et esclave des trafiquants.
Sur la centaine de demandeurs d'asile interrogés en Sicile, 20 ont vu un compagnon de voyage, parfois un proche, mourir dans le désert ou en prison, 15 ont vu un compagnon tué par des policiers, des trafiquants ou des geôliers, 15 ont vu un compagnon paniquer et se jeter à la mer...
Si l'on y ajoute les conflits, persécutions ou violences qui les ont poussés à quitter leur foyer, nombre d'entre eux souffrent de "symptômes physiques et psychologiques interconnectés", explique le rapport.
"Depuis que je suis arrivé en Italie, je suis triste, je me sens impuissant. Je mange très peu et mes amis disent que je ne souris jamais. C'est fini... Je ne serai jamais capable d'être comme avant", a raconté un Gambien de 22 ans.
"Le système d'accueil en Italie et en Europe doit prendre en considération le fait que la vulnérabilité ressentie par les demandeurs d'asile tout au long de leur voyage ne s'efface pas à leur arrivée", a insisté le Medu, appelant en particulier à limiter la taille des structures d'accueil à 50-80 personnes.
Avec AFP