En Italie, les garde-côtes affirment avoir secouru près de 8.000 migrants en Méditerranée depuis vendredi, soulignant notamment que rien ne semble freiner le flux de migrants sur cette voie périlleuse.
C’est dans ce contexte qu’un groupe d'Africains vivant en Europe s'est rendu au Cameroun cette semaine pour lancer une campagne contre la migration illégale.
Le groupe s'appelle «Plus de mort dans le désert ou en mer». Sa mission est simple: éduquer les jeunes Africains à propos des dures réalités de la migration illégale.
"Nous voulons leur dire que toutes les informations que les gens leur donnent avant de commencer leur voyage sont fausses".
La responsable du groupe, Sylvie Nantcha, est née au Cameroun. Elle a vécu dans la ville allemande de Fribourg pendant 25 ans. Elle est arrivée en tant qu'étudiante et est devenue la première conseillère d'origine africaine de la ville.
"J'ai fait beaucoup d'entretiens l'année dernière avec les Africains et ils m'ont dit que lorsqu'ils ont commencé leur voyage, ils pensaient que ça leur prendrait peut-être deux semaines, mais ils ont passé un an, deux ans voire trois ans en route. Ils ont dépensé plus de 10.000 euros. Ils avaient des informations erronées, comme par exemple qu’à leur arrivée, ils auront un travail. Mais lorsqu’ils arrivent en Italie, en Espagne ou en Allemagne, ils n'ont pas de travail."
Bien sûr, il s’agit de migrants qui ont survécu. L'OIM rapporte que plus de 5.000 personnes sont mortes en 2016 en Méditerranée. C'est une augmentation de 35% par rapport aux décès de l'année précédente.
Sylvie Nantcha s'est associée à neuf autres Africains vivant en Europe. Ils envisagent de visiter le Nigeria, le Kenya, le Ghana, le Niger, l'Algérie et la Libye d'ici la fin de cette année pour projeter un film basé sur les entretiens de Nantcha avec les migrants.
Des centaines de personnes se sont rassemblées à chacune des trois projections à Yaoundé cette semaine.
L'objectif du film est de dissuader la migration illégale. Mais les jeunes ont déclaré à la VOA qu'ils connaissaient déjà les risques. Certains, comme Nguenang Bruno, 24 ans, disent que le manque d'emplois et les politiques d'immigration restrictives de l'Europe leur laissent peu d'options.
Robert Alain Lipoti, 29 ans, lave les assiettes dans son restaurant dans le quartier d'Etoudi. Son oncle lui a prêté de l'argent pour se lancer dans les affaires après le retour d’Alain de sa triste aventure à travers le désert tentant de se rendre en Europe.
Malgré les difficultés, plusieurs rapatriés disent qu'ils vont essayer de repartir, à l’instar de Milingui Biya Paul, 35 ans, qui est allé jusqu’en Algérie où il a été arnaqué.
Avec Moki Edwin Kindzeka, correspondant à Yaoundé