"Tout simplement parce qu'avant, les migrants calculaient tous les risques", de la traversée de la Libye puis de la Méditerranée jusqu'aux îles italiennes de Lampedusa ou de Pantelleria, a déclaré à l'AFP Mohamad Taher Siala.
"Aujourd'hui, ils ne calculent que le risque qu'il y a à traverser la Libye et sortir des eaux territoriales libyennes. Seulement cela, parce qu'ensuite ils sont repêchés par les bateaux (de l'opération Sophia - NDLR) qui les conduisent en Europe, en toute sécurité. Je pense qu'il faut repenser cette opération", a-t-il dit en marge d'un entretien avec son homologue polonais Witold Waszczykowski.
L'opération navale anti-passeurs Sophia, lancée en 2015, est surtout destinée à sauver des migrants cherchant à traverser la Méditerranée sur des embarcations de fortune surchargées. Dans ce cadre l'UE a aussi commencé à former des garde-côtes libyens.
"Je n'ai pas d'autre solution" à offrir, a ajouté le ministre libyen. "Excepté, bien sûr, le développement économique dans les pays d'origine et de bons contrôles aux frontières". "Mais si vous continuez juste à les renvoyer chez eux, puis à les voir revenir et les renvoyer encore, vous ne pourrez pas arrêter la migration de cette façon", a-t-il poursuivi, prônant des programmes d'investissements dans les pays d'origine des flux migratoires et dans les zones en Libye affectées par ces derniers.
Mais il faudrait d'abord aider la Libye à résoudre ses problèmes (de sécurité et politiques), à mettre en place un gouvernement central solide qui serait un bon partenaire de l'Europe, a ajouté M. Taher Siala.
"L'été vient, la mer sera moins agitée et alors je pense que le nombre (des migrants) peut augmenter", a-t-il conclu.
Avec AFP