Ce score incroyable, qui est toujours le plus large dans l'histoire des éliminatoires de la Coupe du Monde, n'avait pourtant pas été accueilli avec jubilation, à l'époque. Frustrant, le résultat a plutôt servi de déclic.
Il a confirmé la détermination de l'Australie à quitter la zone Océanie, dans laquelle elle évoluait, pour rejoindre la zone Asie, qui, en plus d'être plus relevée, offre une qualification directe pour la coupe du Monde.
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11 avril 2001. A Coffs Harbour (Australie), l'Australie affronte la valeureuse sélection samoane américaine, quelques jours après avoir étrillé le Tonga 22-0 (record de buts marqués).
Devant les 2.500 spectateurs du champêtre BCU International Stadium, il flottait dans l'air une odeur de démonstration. Parce que les Samoas Américains étaient classés 203e et derniers au classement FIFA. Mais surtout, le petit poucet du Pacifique devait aligner une équipe de juniors, ses titulaires étant inéligibles.
"Effrayés ? Ce n'est pas le mot. On va demander au Seigneur de nous aider à tenir", déclarait Tunoa Lui, le coach samoan américain, avant le match.
- Des hommes contre des enfants -
Les espoirs samoans américains ont duré huit minutes. Le temps que Con Boutsianis marque d'un corner direct. Pour l'Australie, c'était le début d'une démonstration sans précédent. A la-mi temps, les Socceroos menaient déjà 16-0 face à une équipe à la moyenne d'âge de 18 ans, et ils n'ont pas faibli ensuite. Au coup de sifflet final, le tableau d'affichage perdit même le fil, affichant 32-0.
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Auteur de treize buts, l'attaquant australien Archie Thompson est lui aussi entré dans le livre des records. David Zdrilic, huit buts, et Con Boutsianis, trois, ont également participé à la volée historique, qui n'a pas manqué d'être commentée.
"Le football international réduit à une grande blague", titrait le quotidien anglais Daily Telegraph. Pour le Los Angeles Times : "un gros coup contre le fair play en Australie".
Dans les mots de Thompson, c'était la confusion, et non la joie, qui prédominait : "Ce genre de choses n'arrive pas tous les jours. Mais regardez les équipes qu'on joue et posez-vous des questions. On ne doit pas jouer ces matches."
La rencontre à peine finie, l'Australie était déjà plongée dans son autre combat. Celui de quitter la zone Océanie, trop désavantageuse pour les Socceroos.
- 31 buts et un coup de grâce -
"Cette fois, c'est trop tard pour arrêter le carnage, mais il ne doit pas y avoir de prochaine fois dans quatre ans", écrivait Michael Cockerill dans le Sydney Morning Herald.
Il faut dire que la zone Océanie est un bourbier. Composée de petites nations des îles, elle est la seule qui n'offre pas de ticket automatique pour la Coupe du Monde. Pour décrocher sa qualification, la meilleure équipe de la zone doit prouver sa valeur en affrontant une équipe d'une autre zone, à l'occasion d'un play-off.
Plusieurs fois, les Socceroos étaient sortis premiers de leur poule Océanie, avant d'échouer pendant les play-offs. La raison ? Ils rencontraient une équipe de qualité, après avoir affronté des faire-valoir.
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En 2001, l'Australie avait manqué la Coupe du monde 2002 en Corée-Japon après une double confrontation face à l'Uruguay, quelques mois après avoir étrillé les Samoa américaines.
Quatre ans plus tard, l'Australie se qualifiait pour la Coupe du monde en Allemagne en battant l'Uruguay, encore. Surtout, le changement de zone de l'Australie vers la confédération Asie avait été scellé.
Un changement intelligent puisque depuis, les Australiens ont participé au Mondial en 2006, 2010, 2014 et 2018. Un renouveau, aussi, comparé aux 32 ans de disette des Socceroos (1974-2006) lorsqu'ils évoluaient dans la zone Océanie.
Pour l'historien Roy Hay, le 31-0 record a peut-être été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.
"Depuis 1961 (création de la Fédération australienne de football), les Australiens savaient que hormis face à la Nouvelle-Zélande, ils n'auraient pas d'opposition crédible en Océanie", explique Hay. Cela explique l'insistance de l'Australie pour rejoindre la zone Asie.
"L'Australie n'intéressait personne, ni chez les gens, ni dans les médias. Ce 31-0 a peut-être été le coup de grâce."
Ave AFP