Ouvrant les débats, le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire a félicité les pays membres du Club de Paris ainsi que des pays non-membres déjà associés en avril à un moratoire sur la dette jusqu'à la fin de l'année, et les appelés à "aller plus loin" en étendant ce moratoire ou en envisageant des restructurations de dette au cas par cas, dans un cadre multilatéral.
Il a rappelé aux plus de 20 ministres présents et aux représentants de 39 Etats invités par le Forum de Paris, qui regroupe pays créanciers et débiteurs, et le G20, que les pays les plus pauvres avaient vu les investisseurs se détourner massivement.
C'est pourquoi "certains instruments du Fonds monétaire international (FMI) ne sont probablement pas pleinement adaptés à cette crise unique. Nous avons aussi besoin d'instruments pour aider au retour des investisseurs et à l'accès aux marchés" financiers, selon le ministre français.
"Nous devons trouver des moyens d'augmenter la résilience et de réduire la dépendance de certains pays aux financements extérieurs", a poursuivi Bruno Le Maire, qui craint une perte de souveraineté et des crises politiques.
"Cette crise menace les objectifs de développement durable que nous avions fixé pour 2030", a-t-il souligné, ajoutant que "l'Afrique ne peut attendre".
- Accès aux marchés -
Le moratoire sur la dette consenti en avril concerne potentiellement pour 73 pays débiteurs, dont 38 en Afrique. "Nous avons déjà 41 pays qui ont formulé une demande au niveau du G20" tandis que le Club de Paris "a reçu 34 demandes et a mis en œuvre près de 20 accords", a indiqué un responsable ministériel français.
Visant la Chine, le président de la Banque mondiale David Malpass a insisté sur la nécessité de "ne pas réduire le champ de la dette éligible dans le cadre de l'initiative du G20. Elle devrait inclure tous les prêts publics de long terme ainsi que les prêts garantis par l'Etat", y compris ceux des sociétés étatiques.
"La participation de la China Development Bank en tant que créancier bilatéral officiel est importante pour que l'initiative fonctionne, surtout étant donné qu'elle joue un rôle si important en matière d'aide au développement en Afrique", selon le président de la Banque mondiale.
Si les pays émergents dans leur ensemble ont pu émettre 124 milliards de dollars d'obligations au premier semestre, dont les deux tiers depuis le mois d'avril, pour ceux "avec des fondamentaux faibles, des niveaux de dette très élevés, les économies dépendant du tourisme ou celles fragilisées par des conflits, il n'y a pas de bonne nouvelle", a regretté la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva.
Car en effet "ils n'ont pas accès" aux marchés ou aux financements, ou alors "pas à un coût raisonnable", a-t-elle expliqué.
Pour tenter de rétablir leurs sources de financement, le Forum de Paris et les pays du G20, dont les ministres des Finances doivent se réunir de nouveau le 18 juillet, veulent notamment mettre en place "des garanties partielles sur les dettes souveraines, afin de renforcer la confiance des investisseurs et d'ancrer les taux des obligations à un niveau soutenable", selon un document diffusé par Bercy.
Ils mettent aussi l'accent sur la nécessité d'un soutien au secteur privé africain, et en particulier à ses PME.