"Nous sommes partis à 05h00 ce matin. Nous avons couru au début, car nous avions peur des tirs" du groupe Etat islamique (EI), a raconté mardi à l'AFP Baidaa, une jeune femme de 18 ans portant sa fille dans ses bras.
Après des heures de marche, elle est arrivée dans les zones contrôlées par l'armée irakienne. Et elle relate l'enfer vécu dans les quartiers ouest de Mossoul contrôlés par l'EI. Les djihadistes "nous ont pris au piège et ils ne voulaient pas que nous partions".
Ses deux enfants "ne comprenaient pas ce qui se passait" et "avaient tellement peur des tirs", raconte Baidaa.
Les forces irakiennes, appuyées par la coalition internationale antidjihadiste conduite par les Etats-Unis, mènent depuis le 19 février une offensive pour reprendre Mossoul-Ouest.
Cette bataille fait partie de l'opération de reconquête du dernier grand fief de l'EI en Irak lancée le 17 octobre et qui s'est déjà traduite par la reprise le 24 janvier des quartiers orientaux de cette ville coupée en deux par le fleuve Tigre.
Un mois plus tard, les forces irakiennes sont entrées pour la première fois dans Mossoul-Ouest, où les violents combats soulèvent de vives craintes pour le sort des quelque 750.000 civils encore présents.
Le général Stephen Townsend, qui commande la coalition internationale menée par les Etats-Unis contre le groupe Etat islamique, doit faire mercredi le point sur l'avancement des opérations.
"Depuis ce matin, nous avons décompté environ 300 Irakiens --des femmes, des hommes et des enfants-- ayant fui les zones de combat dans Mossoul", a indiqué à l'AFP le général Salman Hachem, des forces d'élite du contre-terrorisme (CTS).
"Mais davantage arrivent. Nous les arrêtons à un check-point. Nous fouillons les hommes et vérifions leur identité dans une base de données", afin de contrôler qu'ils ne sont pas des membres de l'EI, a-t-il précisé.
Selon lui, 23 hommes ont été mis de côté pour une vérification plus poussée après que leur nom est apparu dans la base de données.
'Très inquiets'
Pendant ce temps, les militaires irakiens distribuent de l'eau et de la nourriture aux femmes et aux enfants assis sur des bâches posées sur le sol, a constaté une journaliste de l'AFP.
Au moins 16.000 personnes auraient été déplacées de la deuxième ville d'Irak depuis que le début de l'offensive pour Mossoul-Ouest, selon le ministère des Déplacés et des Migrations.
Celles qui y restent font face à des conditions de vie terribles, selon les organisations internationales et les témoignages de ceux qui ont réussi à passer dans les zones progouvernementales.
"Nous sommes très inquiets pour les quelque 750.000 personnes encore prises au piège dans le secteur ouest très peuplé. Leurs conditions de vie se dégradent de jour en jour", a déclaré Hala Jaber, de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Les déplacés "arrivent chez nous après avoir vécu des jours entiers sans nourriture", remarque également le général Hachem des CTS.
Fawzia Mohammed, une jeune mère de 16 ans qui vient de fuir Mossoul-Ouest, raconte que "les derniers jours ont été terribles". "Nous étions coincés à l'intérieur à cause des combats et nous n'avions pas de nourriture".
Elle et Baidaa témoignent aussi de la cruauté de l'EI. "Les femmes devaient de couvrir complètement et ne pouvaient pas marcher dans la rue sans un chaperon. Les règles étaient très dures", se souvient Baidaa.
"Les femmes étaient forcées de rester à la maison", renchérit Fawzia, "mais le pire c'étaient les exécutions, les coups de fouet et les mutilations infligées aux gens".
L'EI, qui a revendiqué de nombreux attentats sanglants notamment au Moyen-Orient et en Europe, avait pris Mossoul en juin 2014, lors d'une offensive éclair lui ayant permis de contrôler de vastes territoires en Syrie et en Irak. Le groupe djihadiste a depuis perdu une grande partie de ces zones.
Avec AFP